un an après jour pour jour j’y suis de nouveau.
Le contexte a changé, nous sommes dans le troisième déconfinement, vaste programme politico-médiatique.
De mon côté, j’ai appris de mon expérience.
- j’ai de la crème solaire,
- j’ai revu à la hausse l’entraînement,
- j’ai convenu d’un procédé intermédiaire pour dormir : le tarp.
Et puis je vais parcourir le tracé à l’envers, c’est comme à l’endroit mais dans l’autre sens.
J’ajoute un petit détour dans l’Audomarois, le Vigneau à Licques, une petite route de montage au milieu du Pas de Calais.
Concernant l’entraînement, j’ai eu un sursaut début mars. Je vais rouler 800 km par mois jusqu’à Septembre, avec peut-être un trou en Août, qui devrait être largement compensé en Juillet.
En mars, je reprends directement avec deux fois 200km en 1 semaine, puis 2 sorties de 2 heures par jour de téletravail, ça tombe pile poil avec le couvre feu, le matin de 7h à 9 h, le soir de 17h à 19h.
2 semaines auparavant j’ai eu rendez vous avec mon ostéopathe, je lui indique que j’ai envie de reprendre le vélo, reprendre un rythme d’effort physique. Il me précise de ne pas reprendre trop fort. j’ai bien entendu le message, mais je ne sais pas bien ce que ça veut dire, trop fort par rapport à quoi ? Je joue sur les mots bien sûr, je prêche plutôt pour ma philosophie, si tu le sens, fais le.
Redécouvrir les chemins de la métropole, les Weppes, le Ferrain, le circuit gravel de l’aéroport, longer la Marque.
En Avril, je poursuis les sorties les jours de télétravail puis je prévois les 7 mineurs (360km) et un retour du taf (100km).
Les 7 mineurs, c’est comme les 7 majeurs mais dans les Hauts de France.
C’est un article du magazine 200 le vélo de route autrement qui m’a inspiré. La trace est réalisé par Rémi Quinquin pour ne pas changer. L’idée partir à la conquête du bassin minier et de ses vestiges les plus visibles : Les terrils, 7 terrils parmi une multitude, plus ou moins haut, plus ou moins connu, tous porte un numéro.

En mai du repos pour me lancer sur la TNT (The North Trail).
Pour le reste je prévois 2 évènements : la North Cuesta sur 2 jours, la malteni Bootleggers version 2019 sur une journée, puis je serai paré pour le Ventoux avec Thibault au départ de Limoges en passant par les Pyrénées (Teaser !). Cette année nous passons des Alpes aux Pyrénées. ça fera l’objet d’un récit, je l’espère sous une forme originale.

Après ces quelques éléments de l’aspect sportif de ma vie, revenons à la TNT.
Cette année je pars avec une faiblesse sur la partie mécanique. En effet la transmission est en fin de vie, le boîtier de pédalier a du jeu, j’ai découvert que la gaine du câble de dérailleur était éventrée au niveau du cintre à cause des frottements de la sacoche de guidon, c’est réparé avec un scotch d’électricien. Les pneus Hutchinson Touareg ont moins de 800 km, changé fin mars, comme neuf.
Cette fois-ci le parcours a été 100 % reconnu, pas de risque de traverser un bois dans une propriété privée… Je me souviens …
Et puis tout a déroulé...
Jeudi 13 mai 2021







Et la bruine cessa, elle traînait dans le ciel depuis mon départ de Lille.


Dans ces moments là, il faut reprendre ses esprits, prendre le temps d’une pause, s’hydrater, se nourrir, profiter de ce qui nous entoure, un champs de colza fait divinement l’affaire. Je repars plus fort, avec une envie retrouvée.

Sinon j’ai croisé un cycliste en arrivant au Val Joly, il était du genre à faire la TNT dans le bon sens ! Il s’appelle Etienne, mais ça s’est pour la suite !


Vendredi 14 mai 2021



– je prends du repos,
– j’effectue un besoin naturel qui va m’alléger,
– j’enlève une couche de vêtement
– je bois de l’eau.
Évidemment mon œuvre est recouverte de terre et d’herbe et le papier est mis à la poubelle qui trône sur place.
J’étrenne mon nouveau cuissard, j’aime ce bleu !
Je suis prêt à affronter le bassin minier ! il est 11h30


Sur cette photo, nous apercevons Liévin, le terril 74A au centre de la photo.
Il est 15h04

« En ce lieu, les nations canadienne et française s’unirent, dans le feu et dans le sang, pour défendre leurs valeurs communes que sont la Justice, la Paix, l’Honneur, la Foi, la Charité, la Vérité, la Connaissance, l’Espoir et la Liberté. » http://www.memorialcanadiendevimy.fr/PageCadre.html

Il est 15h30, pour gravir ce mont il aura fallu un bon coup de pédale.
C’est une belle idée de passer sur ces lieux chargés du souvenir de la première guerre mondiale. Des moments qui nous rappellent qu’il nous faut apprendre cette histoire, comprendre ce qui a pu permettre le massacre de tant d’humains.


J’ai croisé deux cyclistes qui eux aussi avaient un air de baroudeur.
Arras correspond à la moitié du parcours, je devrais croiser quelques autres participants.
Sur cette photo, nous ne sommes pas à Arras, mais la population Autochtone n’a pas l’air des plus accueillantes. On évitera à tout hasard de planter une tente ou de mettre un tarp !
Fin de journée pluvieuse, je croiserai en effet deux groupes de cyclistes qui sont en bikepacking et qui sont sans doute sur le même parcours que moi. Je me souviens d’un groupe de 4 qui semblait être en difficulté, mais surtout le 4ème cycliste avec un sourire de pure plaisir, en train de pousser le vélo dans une montée, après coup, c’était peut-être une grimace de souffrance, 2 cyclistes du groupent attendaient que tout le monde soit en haut.
Faut vous dire que cette journée ce fini sur des territoires éprouvants. Le Ternois c’est des champs sur un territoire légèrement vallonné, aucun abri, une terre de labour et de labeur.
Je finirais la journée chez des amis. Sans avoir aucune idée de leur présence, sans avoir prévenu, simplement en crochetant 2 km de détour et tombant pile pour l’heure du feu. Moment revigorant, requinquant.


Samedi 15 mai 2021
La maison dort, il est 6h30, Je croise Christelle un échange simple et important. Je pars sous un ciel menaçant. Il est 7h00

Je contribue à l’économie locale, thé et viennoiserie dans une boulangerie de Saint Pol sur Ternoise, une boulangère commerçante avec qui j’ai un sympathique échange. à la question qui est d’où venez vous ? Je réponds : Depuis quand ?
l’impossible est croisé à chaque chemin, prenons le temps de lire les panneaux pour y accéder !


Il pleut, j’ai besoin de ma première pause ravito, mais aucune perspective géographique.
Tout est monstrueusement plat, pas un talus, pas un bosquet, pas un hameau ; rien, de la terre, des cailloux, de l’herbe, rien qui ne dépasse à plus de 30 cm du sol.
Mais comme un mirage, j’aperçois un gonflement, ça approche, ça grossit, un arbre, le GPS indique un croisement. Et puis sous l’arbre, un banc, une poubelle, un talus. Je ne suis pas vraiment à l’abri mais ça fait largement l’affaire.
Ce sont des instants très positifs, je pourrais presque ne pas m’arrêter, le simple fait de voir cette espace rendant une pause possible pourrait suffire à me redonner l’énergie pour pédaler à nouveau 50 km. Cependant je sais être raisonnable, je mange le reste de la tablette de chocolat, je mange une salade de quinoa que j’avais prévu pour la veille au soir. (Faut savoir bien manger en bikepacking !)
Il est 10h00




Le ravito à Boulogne s’est soldé par manger un gros paquet de bonbon, une erreur mais parfois, il faut savoir faire n’importe quoi !

Ce que l’on ne voit pas, ni ne sent : le monde sur la digue, le vent de folie qui fait le plaisir des Kitsurfeurs, le policier municipale qui demande à la moitié des promeneurs de bien porter leur masque.
Le changement de ciel entre Wimereux ou la pluie était encore proche et le ciel bleu d’Ambleteuse. Direction le cap Gris Nez pour prendre un grand bol d’air et puis je repartirais dans les terres pour entamer l’ultime partie.

J’ai croisé un cycliste au niveau d’un rond point, nous étions tous les deux en train de ralentir, il était dans le même genre d’état que moi, alors je l’ai interpellé :
« – on ne se serait pas déjà croisé ?
-Si au valJoly ! »
Mais bien sûr, et je fais donc connaissance avec Étienne, bon rouleur. Il est parti de Saint Pol sur Ternoise le mercredi soir, il compte être chez lui le soir de notre conversation, il lui reste un paquet de kilomètre environ 130. Il est 15h30 quand je le croise.
Il a eu la même météo que moi le matin de la pluie. Il a en revanche des soucis de rayons à l’avant, ses rayons se cassent quand il freine fort.
C’est un bon échange, je repars en conquérant !

210 km pour cette journée.

Je m’étais dis 800 km par mois, la TNT c’est plutôt 750 km, alors j’ai eu l’idée de rajouter une boucle sympa. J’avais repéré des petites côtes autour des hauts plateaux de l’artésien, le toit des hauts de France selon le site https://www.tresorsennord.fr/hauts-plateaux-artesiens-c7.
Du coup j’avais tracé, initialement, quelques choses d’ambitieux, étant donné … la suite photo suivante …

Néanmoins je me suis fait un plaisir de monter les 2 côtes du plateaux et de prendre la roue de deux cyclistes qui n’ont pas pu rivaliser avec mon inertie dans la descente, ils me reprendront assez vite et j’accrocherai leur roue sur quelques hectomètres.

Il est 18h55


Les oiseaux ne chantent plus quand le soleil est couché, c’est l’heure de réveille pour les animaux de la nuit. Je n’aurai pas voulu que le périple dure plus longtemps, 4 jours c’est bien, je n’étais pas près mentalement à rouler plus longtemps.
Dimanche 16 mai 2021

J’ai eu du mal à trouver le sommeil, j’aurais été mieux protéger du vent dans ma tente. Le jour se fait. Je décide de me préparer et de rouler, je ne retrouverais plus le sommeil à cette heure. à 5h30, j’ai pris mon temps, je me mets en route.



une communauté de cycliste semble vouloir faire parler d’elle !
j’entends les cloches de 8h00, en l’espace de 10 minutes une activité commerçante apparaît comme par enchantement, les gens déambulent dans la rue, il se met à y avoir la queue à la boulangerie.
Il s’agit maintenant de se remettre en route, il me reste à traverser l’Audomarois puis les Weppes pour retrouver la métropole. Aujourd’hui la douleur aux cervicales est sensible, je vais veiller à ma position et à faire des étirements, un petit réglage de selle va s’imposer.

Nous sommes au cimetière de La Gorgue. Il est 10h48.
Je suis en train de perdre mon genou droit, une douleur insoutenable. Qui va et qui vient, pas de bonne position, et puis les cervicales qui se font entendre. ça sera sur les 15 derniers kilomètres que la douleur s’apaisera, il aura fallu nombre de pause pour avancer.
En remontant la Deûle juste après le parc Mozaïc j’ai pris une averse rinçante ! j’ai souri car j’étais heureux que ça arrive à ce moment là, ça ajoute une pointe de piquant.

Une synthèse
Les fondamentaux : la météo parce qu’on s’en fiche une fois que l’on est partie mais que rouler sous la pluie, avec du vent, au soleil, ce n’est jamais pareil ; la nourriture, l’hydratation, le sentiment de son corps et de son esprit, la vue, le toucher, l’ouïe, l’odorat, le goût, le vélo bien sûr, qui s’appelle Fredo d’ailleurs !
J’ai eu de la pluie fine,
J’ai eu du soleil,
Je n’ai pas eu froid, mais je n’ai pas eu chaud,
J’ai fait des pauses pour manger, des pauses pour boire, des pauses pour me ravitailler, des pauses pour dormir, des pauses pour prendre des photos, des pauses pour me poser, des pauses pour remplir les bidons, une pause pour me vider les intestins, des pauses pour observer, des pauses pour mémoriser, des pauses pour m’instruire.
J’ai eu des douleurs aux cervicales principalement du côté gauche, J’ai eu une douleur sourde et piquante au genou droit,
J’ai joué du dérailleur avec sensibilité,
J’ai enlevé mes vêtements de pluie, j’ai mis mes vêtement de pluie, j’ai gardé mes couches de vêtement chaudes,
J’ai débusqué des endroits pour dormir,
J’ai trouvé refuge chez des amis qui ont vu un cycliste sortie de nul part en plein milieu du Ternois à 20h.
J’ai découvert que je manquais profondément d’expérience sur l’installation d’un tarp.
J’ai retrouvé l’abribus de ma deuxième nuit de l’année passé.
Je n’ai pas retrouvé la grange de ma première nuit de l’année passé.
J’ai pédaler 781 km.
J’ai pensé à moi, à nous, à toi, famille, ami, collègue, aventurier qui attend de se découvrir, lecteur qui souhaite s’évader.
J’ai réfléchi à des questions physiques, à des questions métaphysiques, j’ai regardé la roue avant tourner, j’ai chercher à placer ma roue dans la bonne trajectoire, j’ai regardé mes jambes tourner autour du pédalier, j’ai regardé le GPS.
j’ai pensé, et puis je me suis évadé vers la-bas et cette fois ci la TNT n’a pas explosé…


Toujours un plaisir de lire le récit de tes aventures cher Alain.
À bientôt pour le Ventoux 😉
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Merci Alain pour tes récits. Toujours plaisir à te lire. Bonne route. Maumau
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merci Maumau, ça me fait plaisir !
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