La diagonale du vide

Anti-dopage

Lecteurs, Lectrices, j’ai failli vous trahir.
Cette histoire a failli ne pas voir le jour.

Voici ce qui reste de mes écrits, de ma mémoire, de mon envie de partager. J’écris d’abord pour moi, ensuite pour toi, parce que si ça peut donner envie de partir à l’aventure, ça serait pour mon plus grand plaisir.

Ma mémoire n’est pas dopée, il y a des trous, des fragments perdus, une vérité, la mienne,  mon ressenti, mon interprétation.

Bonne lecture, et n’oublie pas que le plus beau c’est de le vivre, de voir et de regarder, de sentir et ressentir, d’entendre et d’écouter, de goûter, de manger, encore et de boire de l’eau !

Promis la prochaine fois je n’attends pas 6 mois pour écrire le récit de mon périple.

Le Prologue

Le vélo me fait faire des concessions. j’avais décidé de quitter whatsapp, les motifs sont vastes, parfois trompeurs, parfois inavouables, souvent avec du fond mais bâclés sur la forme.

Il est venu le moment où pour organiser un projet ça reste un outil pratique, surtout quand on est plus de deux. Ce jour là, j’ai réinstallé whatsapp.
Le projet c’est de faire une nouvelle traversée de la France à vélo pour l’été 2019 avec Thibault le compagnon de toutes les bonnes échappées. Cette année peut être que nous ne serions pas uniquement deux, mais j’y reviendrai. Thibault a dégotté un club cycliste Breton dont l’un des membres s’est chargé de réaliser le gros travail de réalisation d’un parcours à travers la France.
L’idée de ce bonhomme ? Parcourir les zones hyper rurales françaises. Pour cela il s’empare du rapport du gouvernement sur l’hyper ruralité, sort la carte de France avec les territoires ainsi nommés et fait un parcours qui part de la Meuse pour aller au Pyrénées. Et voila un parcours de 1500 km entre vache, arbre, haie, chemin, mouton, ferme isolée, hameau abandonné, zone désertée, ou quand l’exode rural se constate sur le territoire.

Un troisième larron entre dans la danse, Fabien un ami de Thibault avec qui j’ai déjà eu l’occasion de faire la traversé des volcans d’Auvergne roulera avec nous. Il est temps de bloquer une date, de trouver un point de départ et un point de sortie plus accessible, je viens de Lille, Thibault de Paris et Fabien de Lyon …

Nous bloquons la semaine du 15 août, nous partirons de Montbart, localité de la Côte d’Or qui a l’avantage d’être sur le parcours initial et de disposer d’une gare. Pour le retour, nous repartons sur le même format que la traversée de la France, prendre un train de nuit.

La SNCF est là pour nous rappeler que les vélos ne sont pas toujours les bienvenus, la destination initiale du parcours, Tarascon sur Ariège a un départ de train de nuit pour Paris mais ne prend pas les vélos … Nous explorons la carte SNCF, nous retenons Cerbère, ville frontière entre la France l’Espagne et la méditerranée. Nous devrons retravailler le parcours sur les 200 derniers kilomètres.

Le groupe whatsapp est en ébullition, nous résolvons les questions pratiques. Puis nous parlons de l’entraînement, qui n’est jamais vraiment dans la demi mesure me concernant. Je prévois de parcourir à vélo avec Thibault : Paris → Dieppe/Dieppe→ Lille en deux jours. Ça sera réalisé sur un week-end d’avril, ou le froid nous aura saisi, mais où nous aurons vaincu fièrement le vent de face entre Montreuil et Lille !
On se souviendra de s’être dit qu’on dormirai à la belle étoile à Dieppe et que finalement l’Hôtel-restaurant l’Étoile à Eu nous a bien revigorés, surtout quand nous avons vu la fine couche de givre le lendemain matin.

Le train de nuit pour le retour fut réservé, Fabien de son côté galérera un peu plus pour retourner sur Lyon en train.

Le tracé est parsemé de jolis lieux, des lieux historiques et des lieux géographiques, des terres de résistances, des terres inconquises, Le Morvan, le Gevaudan, l’Ardèche, les Cévennes, les Causses, les Pyrénées … tout ça est agrémenté de nombreux cols qu’il nous faudra gravir sur nos biclous.

La préparation n’est pas seulement humaine, le matériel doit être paré, nous n’allons pas cheminer sur des cailloux, ni sur de la terre. Rien de bien douloureux pour nos vélo en acier, titane et carbone. Nous roulerons sur de la route, le parcours est prévu comme ça. Cependant du matériel en état est primordial. Et puis je me connais, une escapade dans un champ n’est jamais impossible.

La Crevaison

De mon côté, je n’ai pas résolu mon arrivé à Montbart, j’ai bien un train me ralliant à Montbart depuis Paris, mais l’étape entre Lille et Paris est un mystère, ça le restera jusqu’à deux semaines avant le départ. L’ensemble des trains sont complets, je finirai par rallier la gare d’Arras en voiture pour prendre le train et rejoindre Paris. C’est Jaquotte (le nom de la voiture) et ça divine et délicieuse conductrice qui me feront parcourir ces quelques dizaines de kilomètres.

Un flottement autour du matériel pour dormir. Un tarp ? Une tente ? Un bon duvet ?

Fabien et Thibault font le choix de prendre le duvet et le matelas gonflable, je fais le choix de prendre uniquement la toile supérieur de ma tente et mon drap de soie avec mon collant et maillot thermique. En cas de pluie impromptue, la tente est en capacité de nous contenir tous les trois.

Je reviens de vacances le jeudi 8 août au soir, le vendredi 9 août à 17h22 j’ai mon train à Arras pour rejoindre Paris gare du Nord ; il me restera à traverser la moitié de Paris pour rejoindre Thibault à la gare de Bercy et monter dans le train pour Montbart.

Nous arrivons à Arras, le train est indiqué avec deux heures de retard. Je suis prévoyant, mais je ne suis pas voyant. Avec deux heures de retard je ne serai à Montbart que le lendemain. Une pointe d’agacement, un peu d’énervement, une folie meurtrière envers la SNCF (finalement il n’y pouvait rien, comme trop souvent). Le retard passe à 40 minutes, tout redevient possible, l’incertitude est exaspérante, frustrante, aliénante. Pas d’agent SNCF sur le quai, une longue file au guichet … Les services publics deviendrait des simples services régies par des raisons déraisonnables de rentabilité financière.

Je trouve le bureau des agents de contrôle, il m’indique qu’un TGV est affrété depuis Paris. Du coup j’en sais plus mais je n’en sais rien … Le numéro de la voie est affiché, un TGV est à quai. Je grimpe dans l’engin roulant.

Tout devient possible mais j’ai une petite demi heure pour rallier la gare du Nord à la gare de Bercy, faut être pragmatique, les feux rouges seront verts, République, Bastille, les quais de seine, Bercy. Le trajet est simple, des grands boulevards et des couloirs de bus. Je pédale prudemment mais dangereusement. Je transpire, les affaires que j’ai son mon seul change de vêtement. Tout ce qu’on emmène faut le porter sur le vélo, les kilogrammes finissent par être lourds.

Pas de suspense, je transperce la moitié de Paname vivement, énergiquement, mais en pédalant. Un sms de Thibault m’indique le numéro de la voie. Je fonce, j’arrive, en avance, à l’heure du départ selon les conditions de la SNCF. Je suis heureux de ce qui s’annonce, content d’être dans le bon train pour démarrer une nouvelle aventure qui a déjà vécu ses premières péripéties.

Dans le train je ressens cette tension, cet inconnu, l’envie de pédaler, de découvrir, de se laisser surprendre, d’en avoir marre et d’en finir, d’être sous la douche, dans le matelas, tout ces moments que je vis que dans ces périples.

Dans le train nous discutons avec Thibault, nous profitons de ce moment pour manger.

Je me souviens d’un échange en particulier :
« Il est quelle heure mon p’tit loup ?
21h25 !
Il fait nuit tôt, non ?! »

Il fait surtout froid dans ce train, nous savons que nous aurons des matin frais, mais si la journée est fraîche aussi, elle devient plus compliqué, il faut absorber plus de calorie, la fatigue est plus importante … J’ai peur d’avoir fait une erreur en ne prenant pas le duvet.

Le départ virtuel

Notre train s’arrête dans plusieurs gare, nous finissons par atteindre Montbard. Nous avons une vague de chaleur qui nous percute en ouvrant la porte du wagon, la climatisation du train était trop forte. Dehors la température est plus qu’appréciable, surtout à cette heure tardive. La descente du train est raide, les marches courtes, le passage étroit, toujours une galère de monter et descendre des wagons.

Nous retrouvons Fabien et nous nous mettons en quête d’un abri pour la nuit. Nous tournons un peu puis on décide d’avancer tranquillement. Le long du canal sur une piste cyclable. Première installation. Pas de tente, juste un matelas, un drap de soie et le maillot et le collant. On s’endort avec l’univers. Des jeunes arrivent, on les entend discuter, rigoler, se rassurer, plaisanter. Il ne s’attendent pas à voir trois bonhommes dormir sur le bas côté.
L’un s’exclame :
« c’est quoi ça ?! »
Fabien répond calmement :
« chut on dort ! »

Bref, ils devaient être trois, et ils ont eu une belle frayeur.

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Le départ réel

Samedi

Je me souviens du passage à la boulangerie, de notre interrogation sur le budget et l’argent liquide que chacun à sur soi, je me souviens du passage à l’Abbaye Saint-Joseph de Clairval. De quelques militaires présents pour je ne sais quelle raison. Le passage sur les traces de Vercingétorix et la bataille d’Alésia en 52 avant J-C. La pause dans l’herbe à l’entrée d’un champ.
Le passage à Saulieu, l’arrêt dans le supermarché, le rachat de pile.

Nous utilisons l’application Tricount pour faire les comptes financiers.

Un débat sur la possibilité d’une sieste.

Le col de la croisette.

La traversé du Morvan qui se clôture par l’ascension du Mont Beuvray.

Une belle journée de mise en route, nous dormirons près du lac des Boussons. Une petite trempette pour se laver des efforts de la journée.

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La drache

Dimanche

Le corps doit redécouvrir le rythme du voyage à vélo, se lever, ranger, plier les affaires, attacher les sacoches au vélo, manger, boire et rouler.

Nous croisons l’itinéraire de notre précédent traversée de la France à vélo à Perrecy les forges.

La pause à Paray-le-Monial, la boulangerie, la pause en terrasse

La pluie torrentielle qui s’abat sur nous et notre abris de fortune sous la remorque d’un camion.

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Nous nous dirigeons tranquillement vers le Livradois forez, beaucoup de relief, beaucoup de ruralité. La route est sinueuse, à Arfeuille nous tombons sur une fête inter-village avec le concours de tire à la corde, le terrain est boueux, mais une sacré ambiance règne, nous en profitons pour manger une frite.

Notre itinéraire passe par Châtel-Montagne, le beau-père de Thibault y  est justement en visite chez sa mère, nous y passons, nous découvrons un petit village juché au sommet d’un vallon. Nous sommes accueillis par Alice la grand mère et Jean-claude le beau père. Nous buvons un coup, nous partageons un moment. Je me souviens vaguement d’une plaisanterie qui ressort, bref un moment réconfortant. Nous ne pouvons prévoir de dormir éventuellement sur place, nous devons rouler, encore, nous sommes en début d’après midi.

La route est peu empruntée, nous poursuivons. Nous entrons dans le parc naturel régional du Livradois Forez.

Il est temps de trouver un endroit où passer la nuit. Nous profitons d’une pause pour rechercher un camping ou un gîte. Nos quelques appels téléphoniques ne sont pas concluant, nous décidons de poursuivre, en arrivant à Palladuc, Nous ne trouvons aucun lieu de repos. Nous rappelons un camping en demandant si il est possible d’y dormir juste sous un abris sans emplacement. La réponse est positive, à ce moment là un homme se dirige vers nous, c’est le responsable du camping, il nous propose une tente en dur avec deux chambres, le coin cuisine n’est pas fonctionnel, mais nous sommes ravis, la pluie est annoncée pour la nuit.

Soirée musicale au camping des Chanterelles, nous mangeons la frite, les saucisses et discutons de la journée, de la suite, de nos vies un peu aussi.

le confort de la douche est toujours un luxe appréciable et apprécié.

Le ravito

Lundi

Ce soir nous atteignons Lavoute-Chilhac, nous dormons prêt de l’Allier dans un petit camping.
J’installe la tente et dors dedans pour la première fois en raison de l’humidité. Au camping nous échangeons avec des cyclos qui viennent du sud ouest.
Nous mangeons des pâtes cuisinées par Fabien qui les fait légèrement coller au fond de la gamelle, une douce odeur de cramé s’échappe de la tente.

Notre arrivée à Brioude 1 mois après le tour de France, une chevauchée dans la circulation, une ville de taille moyenne qui nous rappel ce qu’est une zone urbaine.

La superbe vue au détour d’un virage à Vinfaud sur la D33 !

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L’arrêt gastronomique à Fournol « Chez Chantal » ! Avec les deux chiens ! vous vous souvenez des noms ?! magnifique moment !
Lecture de Thibault qui me rappel que l’un des chiens s’appelle PEPSI ! Et le deuxième alors ?!
la petite sieste au pied de l’église.

Des endroits comme ça où le temps ne s’écoule pas, c’est un superbe constat de la ruralité.

Le cycliste qui passe comme une fusée dans la côte et qu’on voit redescendre une demi-heure plus tard …

La visite extérieure du château des Martinanches, château entouré d’une douve remplie d’eau.

Une journée à l’envers.

Au chaud dans le peloton

Mardi

Nous allons quitter le Livradois Forez pour nous diriger vers la source de la Loire. Nous découvrirons le Gevaudan, un itinéraire du chemin de Saint Jacques de Compostelle. Une belle découverte pour moi. Je n’oublie pas ma crevaison, ma double crevaison …

Un arrêt pour manger des mûrs et des framboises et des trucs qui ne tachent pas et qui sont faciles à digérer !

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La pause à Saugues territoire des randonneurs, des pèlerins du chemin de Saint Jacques, des chasseurs, du gibier et sûrement la grotte de la bête du Gevaudan !

Notre itinéraire nous fait aller pleine Est, c’est une journée pour aller chercher la ruralité.

Les reliefs ne sont pas particulièrement importants, nous ne sommes pas dans les Alpes, ni même dans les Vosges ou le Jura, mais le relief n’est jamais plat, nous montons sans cesse pour redescendre, c’est pour ma part un plaisir infini !

La traversé de la nationale N88 à Costaros. Une rencontre brutale avec le nouveau monde. Une pause à une boulangerie, une rencontre avec un couple de cycliste qui fait je ne sais plus quel trajet.

L’arrêt dans le magasin de Miel Aux Estables.
Le Mont Gerbier de Jonc et les sources de la Loire à son pied.
Ici la petite reine à sa course, l’Ardéchoise.

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Et puis une folie, la réservation d’un gîte, le gîte de prétaboire.

Pour y arriver un peu de vent et une bonne côte.

Une belle nuit ronflante pour moi, Fabien s’en souvient !

La montagne

Mercredi

Parc naturel des monts d’Ardèche vers le parc national des Cévennes. Nous atteignons les sommets de la ruralité, et c’est fortement lié à la géographie du territoire, des vallées, des monts, des montagnes, des creux, des falaises, du soleil, du vents.

un camping complet, nous dormirons sur l’air de jeux. Le Tarn coule au pied du camping.

En passant par Mazan l’Abbaye, nous découvrons des peintures sur les bâtiments de la ville qui forme des dessins quand on les voit depuis des endroits stratégiques c’est l’œuvre d’un artiste. Et ensuite nous passons par un marché d’artisans qui vendent principalement des objets en bois, il y a aussi le concours de bûcheron.

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On aperçoit les cercles dorés sur les bâtiments sur la photo ci-dessus.

Nous surfons sur la ligne de partage des eaux, Fabien et Thibault se moquerons de moi, car je trouve ce phénomène bien que toute à fait logique, fascinant ! Parfois la vie se joue à un fil, c’est exactement le cas avec ce phénomène.

Le point de vue prêt de l’antenne avec les poteaux indiquant la ligne imaginaire de partage des eaux.

On passe les cols comme des champions, on traverse des forêts, des bois la campagne, des champs en jachère, des champs cultivés …
On longe des cours d’eau, on mange dans une brasserie à Pied-de-Borne, on prend de l’eau, on passe à la boutique bio du coin « la vie au vert »

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La descente de dingue à Tastevin !

Un sprint improvisé avec Fabien pour atteindre le sommet du mont Lozère, un superbe moment avec des couleurs magnifiques de fin de journée.  Dans les derniers kilomètres de cette journée nous nous régalons de la route qui nous offre un superbe spectacle. Des paysages escarpés mais offrant une vision sur l’horizon.

Je me rappel néanmoins la douleur au tendon sur la fin de journée, ça va ça vient mais ça pique.

Petite guirlande lumineuse chez nos voisins de camping.
Je fais sécher la tente qui est encore humide sur l’aire de jeux. Les jours passent et on se permet de faire tout et n’importe quoi.

Toujours une bonne humeur entre nous trois, nous nous entendons bien.

la chute

Jeudi

Une dure et magnifique journée, le cœur des Cévennes s’ouvre à nous. Une géographie très escarpée, peu de végétation, peu d’habitant, mais beaucoup d’autres choses !

Nous sommes à 900 mètres d’altitude. Nous allons encore grimper puis redescendre simplement pour remonter vers le sommet du jour le Mont Aigoual.

Nous passons devant la baraquette d’Albin, un abri de cantonnier.

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Petit détour à barre les Cévennes, nous pédalons un aller retour de la rue principale et visitons ce qui est une annexe de la maison du parc naturel régional. Je signe la pétition pour le maintien des postes des gardes forestiers dans les parc naturel régionaux, nous en apprenons un peu sur l’histoire des Cévennes.

En repartant nous passons pas loin des empreintes de pas de dinosaures.

Je m’amuse dans la montée du lieu dit les Salidès.

Nous trouvons des prunes, nous en mangeons, nous passons le col des Salidès dans un vent terrible.

Nous nous dirigeons vers le mont Aigoual, dernière difficulté de la journée, un cycliste nous double, Fabien a passé la journée à pédaler tranquillement à l’arrière, j’étais plutôt le chien fou en tête et Thibault la force tranquille qui parfois jouait au yoyo.
Mais quand je vois un cycliste me doubler et que je sens que les jambes sont là, je file quitte à me cramer. Je le rejoins, je m’accroche, il a un beau vélo tout carbone, j’ai un beau vélo en acier, avec mon chargement, ça pèse. il est facile, on discute, il pédale(un peu) moins fort, nous grimpons ensemble jusqu’au sommet, très chouette moment, il est en vacances dans le coin et il monte le mont Aigoual tous les jours par des routes différentes, il voulait faire le Paris Brest Paris cette année mais finalement manque de place et manque de temps pour réaliser le BRM 600.

Nous parvenons au sommet du Mont Aigoual, la température s’est bien refroidie.

Thibault et Fabien arrivent, nous allons visiter l’exposition sur la météorologie, il fait froid et il y a du vent. beaucoup de monde également au sommet, un restaurant où nous n’irons pas.

En redescendant nous nous arrêtons à l’Espérou ou nous prenons notre pause calorique.

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Les dernières heures de vélo deviennent longues, j’ai trop fait le fanfaron sur cette étape, trop pédalé en force, j’ai une douleur au tendon d’Achille. ça mettait arrivé précédemment en raison d’un serrage excessif de mes chaussures, cette fois-ci je sens bien qu’il y a autre chose, j’ai besoin de repos, nous franchissons le panneau de notre ville hôte Mondardier, nous trouverons un camping municipal fort sympathique, nous croiserons un cycliste qui parcours la GTMC, Grande Traversée du massif Central.

Nous nous offrons le luxe du restaurant, et il me semble que nous y avons très bien mangé restaurant La Tude.

Je ne partage pas tous les moments que nous avons vécu parce que ma mémoire défaille. Mais il y a eu des pauses pour boire, des pauses pour des petits besoins, des pauses pour des gros besoins, des pauses pour recharger nos bidons en eau, des pauses pour manger des pizzas, des pauses pour faire la sieste, des pauses pour profiter des paysages, des pauses pour regarder l’itinéraire, des pauses pour faire des pauses.

Le chien fou qui traverse la course

Vendredi

Nous nous lançons, la douleur au réveil va mieux, mais aujourd’hui il va falloir pédaler en souplesse, la journée s’annonce belle.

nous découvrons le cirque de Navacelles, à cette heure matinale c’est un spectacle virtuose et merveilleux.

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Nous vivons un moment mémorable en passant dans la boulangerie du Caylar. Un client plutôt de type retraité fait du rentre dedans à la vendeuse il est du genre avec détail et sans filtre. Quand celui ci part, nous comprenons qu’il s’agit d’un habitué très lourdingue.

Je constate qu’une autoroute divise un territoire, pour franchir l’autoroute A75 nous devons remonter vers La Couvertoirade pour trouver une route qui passe sous l’autoroute.

C’est un peu plus loin que nous aurons la rencontre la plus inattendue de cette aventure. Sur une petite route en sortant d’un virage, nous nous retrouvons face à une roulotte, un cheval, un chien, un homme en train de jouer de la flûte de pan et une femme qui marche à côté de cet attelage improbable. Nous les saluons, un peu plus loin nous en parlons. Rien d’incroyable mais une situation cocasse et improbable.

la route est belle, il fait chaud, nous passons à Saint-Maurice de Sorgues et découvrons l’abbaye de Sylvanès qui est connu pour les nombreuses activités culturelles proposées et son festival de musique du monde.

Fabien fait la sieste, je déambule un peu et tente la sieste, Thibault va boire un rafraîchissement, je finis par le rejoindre, le soleil frappe nos corps.

Nous pédalons sur de magnifiques routes et paysages très peu urbanisés.

Nous retrouvons la civilisation avec Lacaune et nous ne sommes pas déçu ! Fête foraine et touriste, un mélange explosif, bruyant, ridicule, abrutissant …

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Je me sens sauvé par les kilomètres suivants, une belle route, finissant pas descendre généreusement et nous amenant sur le lac de barrage de l’Agout. Ça serra une nuit près du lac. Nous bataillerons un peu pour trouver un endroit plat. la baignade est fraîche mais de rigueur. Il y a un cabanon avec des sanitaires. Une belle journée, encore et toujours.

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les souvenirs sont positifs, je ne me souviens pas de galère particulière ou notable. C’est égoïste comme remarque, peut-être mes équipiers aurait des choses à dire.

L’échappée

Samedi

Toujours le même rituel, se réveiller, émerger, sortir du duvet, s’habiller, plier, ranger, accrocher. Bien dormi ? Pas eu froid ?

Et les fesses ça va ? La douleur c’est la première heure sur la selle de vélo tous les matins, ensuite on ne sent plus rien. Nous atteignons Mazamet, nous passons au marché, je m’en vais acheter le produit typique du coin après avoir été conseillé par un habitant. il me parle de la passerelle de Mazamet, une passerelle piétonne de 140 mètres de long à 70 mètres d’altitude.

En repartant nous découvrons la passerelle 70 mètres au dessus de nous, un peu plus loin nous passons à la maison du  bois et du jouet.

Nous parcourons les kilomètres, nous atteignons la ville de Pradelles Cabardès où nous découvrons une façade avec le portrait de Laurent Jalabert, natif de Mazamet. Auparavant nous avons vu plusieurs panneaux d’une course cycliste nommé la Jalabert.

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Ah oui, pour les non initiés, Jalabert c’est un coureur cycliste professionnel à la retraite mais qui à la fin des années 90 étaient dans le peloton.

Nous entamons une descente technique, gravillon, virages serrés, un délice.

Puis ensuite nous filons vers Carcassone, la plus grosse ville rencontrée lors de ces 10 jours de vélo. C’est aussi par là que Fabien nous quittera. Nous discutions depuis déjà quelque temps de savoir comment il allait retrouver une gare pour rentrer tranquillement sur Lyon. La vérité c’était que c’était un peu flou !

Carcassonne, nous allons dans la cité médiéval, c’est blindé de monde, avant ça nous nous sommes fait un restaurant, il fait beau, y a du vent et au menu c’est cassoulet par 30 degrés !

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Une foule qui m’envahit un peu après ces moments de plénitude.

Nous sortons de Carcassonne, Fabien repère sa route, nous nous quittons après avoir parcourus plusieurs centaines de kilomètre ensemble, nous espérions sûrement finir ensemble, mais nous avions sûrement des aspirations différentes aussi dès le départ, Fabien souhaitait moins de kilomètre et plus de tourisme et de sieste. Tout ça a fait parti des concessions au départ.

Et puis là, je ne sais pas pourquoi avec Thibault on s’est mis à rouler fort, en appuyant méchamment sur les pédales, on a fait ça pendant bien 30 kilomètres. Des vrais entêtés !

On a essayé de trouver un endroit pour manger, j’ai bien vu que nous allions nous retrouver dans des endroits difficiles pour nous ravitailler. Heureusement les belges sont toujours là où nous ne les attendons pas !

Après le passage à Lanet, notre dernier espoir de ravitaillement, nous trouvons de quoi manger, chez un belge qui est installé ici, un peu de boisson et un peu à manger, complètement improbable et ça m’a bien sauvé, parce qu’ensuite nous sommes repartis !

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Nous avons survoler ces paysages magnifiques, nous sommes passés à Soulatge, et puis nous avons été engloutis par les gorges de Galamus en fin de journée, le silence, les couleurs, l’émotion. Un instant suspendu.

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La journée touche à sa fin, nous avons repéré la ville de Saint Paul de Fenouillet. Un camping que la nuit a déjà absorbée ; une fête locale, des Vespas qui sillonnent le Sud, du ragoût pas mauvais du tout. De la fatigue.

Une nuit de plus ou de moins, c’est selon.

L’arrivée

Dimanche

On s’est dit que le train de nuit ne partirai pas sans nous, et pour se faire il faut pédaler sans sourciller. En réalité le calcul était bon, le timing était parfait, même le temps d’aller faire trempette dans la Méditerranée !

Les Pyrénées sont accueillants, nous profitons de chaque moment qui nous sépare de la fin de l’aventure. à Saint-Arnac il ne nous est rien arrivés, à Caramany j’ai pensé à un lointain souvenir de vacances où j’étais passé en famille.

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à L’ille-sur-Têt  nous n’avons pas entendu les orgues, mais nous sommes passés devant le lieu de fabrication des vélos Caminade !

Avant de nous détourner vers Castelnou pour profiter une dernière fois de la montagne et nous permettre de grimper ; un peloton lancé à 50 kilomètres à l’heure nous a fusillé. Nous avons donc grimpé au château de Castelnou, j’ai voulu emprunté la piste DFCI (piste pour voie d’accès pour pompier)  qui m’a valut de faire demi tour mais sur laquel je me suis beaucoup amusé.

Nous avons enchaînés les virages à angle droit pour parcourir une ligne à peu près droite pour rallier la Méditerranée.

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Nous avons vu la mer à Collioure, nous avons mangé à Port-Vendres et nous sommes arrivés à Cerbère. Nous étions deux cyclistes ayant parcouru 1300 kilomètres pour venir faire trempette.

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L’histoire est incomplète, elle est racontée sans beaucoup de détail géographique, mais les mots me manquent comme souvent lors de ces randonnées.

la gare de Cerbère est caché, il faut prendre des escaliers, c’est un train suspendu. Les trains de nuit existent, ils sont tout le temps complet et pourtant la SNCF ne fait aucune promotion dessus et cherche à les supprimer. Le transport en train de nuit est un voyage à lui tout seul. Une quinzaine de train de nuit partait de différent endroit il y a quelques années, maintenant un train unique qui fait halte à toute les gares, selon les dire d’une agent SNCF.

Je retiens de cette aventure que la variété des paysages, des géographies, des temps de pédalage ont été trop nombreux pour être suffisamment appréciés, il faudrait refaire se voyage 3 ou 4 fois pour en intégrer toute la substantifique moelle.

Vive l’aventure ! Vivement que ça recommence !

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5 commentaires sur “La diagonale du vide

    1. Bonjour Erwan,
      Il s’agit principalement de route secondaire, parfois avec un revêtement abimé, moi je n’ai qu’une paire de pneu, pneu d’origine de mon sequoia Sawtooth 29″*42C. l’un des compagnons de route roulait sur un Specialized Roubaix avec des pneus route de 700*28, ça passe très bien. Et forcement meilleur rendement qu’avec mes 42 !
      bonne route à toi,
      Al1

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