La Baroudeuse – Un p’tit tour dans le Mercantour

MaJ 09/03/2018

La Baroudeuse cliquer ici c’est une épreuve à vélo non chronométrée, un départ, un tracé, une arrivée, 317 kilomètres, 8800 mètres de dénivelé positif; 48 heures pour réaliser le parcours.

La casquette officielle de La Baroudeuse
La bière officielle de La Baroudeuse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici le récit de cette aventure qui a commencé le dimanche 27 août 2017, jour où j’ai eu connaissance de son existence.
De nombreuses choses se sont déroulés avant la date de l’événement le 21 – 22 Octobre 2017 qui ne sont pas relatées ici.
En voici un aperçu : l’achat du matériel que je n’avais pas, le temps passé pour se renseigner sur les forums, à rigoler quand les discussions parlent de comment enlever 50 grammes de masse sur son vélo. La grève de la sncf avec mon train d’aller supprimer, le voyage dans un train blindé, l’achat d’un support de GPS qui s’est fini dans un petit local de décathlon … la réflexion sur le couchage (tente ou pas, sac de couchage ou pas, matelas ou pas …) fruit d’une réflexion hasardeuse.
De la préparation un peu quand même; un 289 kilomètres de route avec un peu de chargement en Normandie pour aller voir la route solaire, une remontée depuis Aurillac sur Paris en 4 jours avec la traversée des volcans d’Auvergne. Et puis des tours et des détours en vallée de Chevreuse, une montée, deux montées, trois montées de la côte du château de la Madeleine …

Le profil de l’épreuve est ici

Samedi 21 octobre 2017 4h15 – La Turbie

Le réveil sonne à 4h15, le départ est prévu à 5h00. j’ai choisi l’hôtel, bien que l’on pouvait dormir dans la salle de la commune, le risque de trouver un ronfleur est grand, et puis j’ai fait le choix de partir sans sac de couchage ni matelas gonflable. Ça commence toujours par des choix. Je prends une douche, je mange tranquillement le petit déjeuner que j’ai préparé la veille, il est constitué de pain beurre de cacahuète, banane, compote à boire, et de l’eau. Je plis bagage, je contrôle la chambre.
Je me rends au départ, je me sens bien, le nuit envoûte La Turbie.

J’arrive dans la salle, tout le monde est là sauf Laurent qui dort dans son camion, il rejoint le groupe 2 minutes après moi. Dernier préparatif, chacun enfile ses gants, son gilet réfléchissant, photo de départ, encouragement, montée des marches ou passage par la route pour rejoindre le départ entre les deux flammes de l’organisation.

photo de départ

Une poignée de main avec Cédric, nous sommes 7 au départ, Xavier et Dominique qui se connaissent et qui roulent en gravel, typé plutôt route ; Christine et Pascal, Laurent et enfin Jeanne qui ont fait eux le choix du VTT, et puis moi en gravel.

Il est 5h07, nous partons groupés, nous roulons assez vite. Il fait nuit, les gilets et lampes sont de rigueurs, il ne fait pas froid. Nous empruntons une route sur ces premiers kilomètres.

Après quelques kilomètres, le groupe s’étiole, les gravels font la différence, on grimpe vers le col de Turini, je roule avec Dominique et Xavier, il voyage léger, ils ont prévu de dormir à Pigne, point de contrôle au kilomètre 219 ; ils ont réservé l’hôtel. C’est en parti pour ça que je me suis accroché à leur roue, si je peux rejoindre Pigne pour cette première journée, ça sera un sacré truc. Une fois lancé je me sens dans mon rythme. La route serpente, on aperçoit les lumières des autres participants en contrebas, ils doivent apercevoir les nôtres également. Nous passons sur des belles pistes le profil global de ces quelques dizaines de kilomètres est montant, mais nous profitons quand même de belle portion de piste descendante.

Au col de Turini nous sommes attendus par un bénévole qui nous colle la pastille du point de passage, voila les 67 premiers kilomètres de parcourus. Beaucoup de route pour y arriver, sachant qu’il y a 30 % de route bitumé ça annonce beaucoup de piste pour la suite. Celle ci ne se fait pas attendre.

le col de Turini

Au cours de notre ascension nous avons été rejoint par Jeanne, au détour d’un virage sur une route goudronnée, j’ai vu un VTT de 29 pouces avec des pneus de 2,1 recoller à notre groupe ! Nous voilà tous les quatre.

Le jour s’est levé au cours de la montée pour atteindre le col de Turini, les couleurs du soleil sur les montagnes sont magnifiques, la journée s’annonce belle.

Nous poursuivons l’ascension parce que le col de Turini n’est qu’une étape et qu’il y a encore de quoi grimper ! Nous avançons sur une piste, Xavier commence à caler.

le photographe de l’organisation est présent je me lance dans une position d’équilibriste entre les vaches !

Crédit photo Nicolas Abassit

Y paraîtrait qu’on a vu la photo ci dessus dans le numéro 11 du magazine Cyclist, dans les pages Roue libre/Courrier …

Descente sur route au début puis piste, superbe, un temps radieux, les sensations sont là, nous roulons en petit groupe de 4. c’est splendide, encore une fois je vais manquer de qualificatif, chacun peut faire les métaphores et comparaison qu’il veut, mais le présent se vit et se ressent.

Que dire, moi une abeille et un paysage fabuleux

Un croisement, je jette un rapide coup d’oeil au GPS, c’est tout droit ; kilomètre 72, ça fait 5 heures que nous sommes sur le vélo ; un peu de caillou mais ça roule, un Patou, gros chien pour protéger les troupeaux de brebis des loups (https://fr.wikipedia.org/wiki/Chien_de_montagne_des_Pyr%C3%A9n%C3%A9es), je ralenti, ça passe, il ne bouge pas.
Je fais une centaine de mètres et je croise une voiture à l’arrêt, une femme et un enfant sont au milieu de la piste, je ralenti, pose pied à terre, regarde autour de moi pour profiter de l’endroit, pas toujours évident en descente tant que l’on roule. Xavier et Dominique me doublent rapidement, je regarde le GPS … Je ne suis plus sur la trace, pas le temps de crier pour les prévenir, ils ont déjà franchi un virage et je ne les vois plus, j’attends deux minutes pour voir si ils reviennent. Je ne les vois pas, je décide de remonter sans les attendre un peu à contre coeur, ils s’apercevront de l’erreur et feront de même.
Je me lance dans les 500 mètres de côte que j’ai parcouru en descendant il y a 5 minutes. Je croise de nouveau le Patou, après l’avoir dépassé de 50 mètres, le voila qu’il se met à aboyer et à me courir après, j’augmente le braquet et j’appuie sur les pédales, il me reste 300 mètres avant l’embranchement où je me suis trompé ; ce n’était pas tout droit, c’était tout droit légèrement à gauche ! Bref le patou aboie toujours et je sens bien qu’il gagne du terrain … Je retrouve la trace GPS et je bascule dans la bonne descente, laissant le patou hors d’atteinte de mes mollets.

La descente est sur une piste qui roule plutôt très bien, en gravel c’est un plaisir, faut rester vigilant, la chute ne pardonnerai pas. Je retrouve Jeanne qui ne sait pas trompée de chemin, puis je poursuis ma descente sur piste, nous arrivons sur la route ensemble et je me lance sur la route en laissant rouler, et en me permettant quelques relances. j’arrive à Fontan à tombeau ouvert, je vais directement à la boulangerie, j’indique que d’autres cyclistes vont venir se réapprovisionner.
Je mange une quiche aux légumes et une part de pizza avec un Coca Cola. je mange mon pain beurre de cacahuète, Jeanne arrive et va à l’épicerie qui se trouve juste à côté de la boulangerie. Il fait frais à l’ombre mais au soleil il fait bon. Une fontaine me donne de l’eau pour les prochains kilomètres qui nous emmènerons jusqu’au col de Casterino qui fait office de troisième point de contrôle.
Dominique et Xavier font leur apparition. Il discute de la suite de leur programme, Xavier a un problème de roue libre, et avec leurs pneus de 35 typés route le parcours devient très exigeant. De mon côté avec le soleil et cette pause je suis prêt à repartir, Jeanne est également prête à repartir, en revanche Xavier et Dominique décident de rentrer par la route en se faisant plaisir. Nous sommes au kilomètre 91.

Il est 11h15 environ quand nous redémarrons avec Jeanne, ça commence par grimper tranquillement le long de La Roya pour rejoindre Saint Dalmas de Tende, puis direction Castérino, la grimpette est magnifique par la route. En cette saison les couleurs sont d’une infinie beauté qu’aucune nouvelle technologie ne peut faire vivre et encore moins revivre ! Des dégradés de couleurs d’un nuancier long de 317 kilomètres ! Au passage à un barrage la photo est malgré tout de rigueur et la pause en même temps. Je ne vois plus Jeanne derrière moi mais on se reverra au point de contrôle suivant, il sera nécessaire de recharger l’eau pour les 100 kilomètres suivant qui se dérouleront entre 1800 et 2200 mètres d’altitude et où nous ne trouverons presque rien pour nous ravitailler.

barrage sur la route de Castérino

La route s’élargit, des bâtiments font leur apparition et à une centaine de mettre un maillot de la baroudeuse porté par un bénévole, j’y arrive avec la banane, en sourire pas à manger !
Le petit sticker est posé, on discute, j’exprime ma joie d’être là. Je me dirige vers hôtel/restaurant le Melèze pour remplir les gourdes, j’en profite pour prendre un Orangina au comptoir, le serveur est très sympa et disponible malgré la salle de restaurant qui contient du monde. Il est 13h20, j’ai parcouru 115 kilomètres.

pause Orangina à l’Hotel Restauran les Mélèzes

Quand je sors de l’hôtel, Jeanne est arrivée, elle discute avec le bénévole. Jusqu’à présent le parcours était somme toute roulant, et en gravel c’était un pur plaisir, le soleil ne nous a jamais laissé tomber sauf parfois en vallée avec des passages à l’ombre. Toute l’importance de ne pas négliger les changements de température et du taux d’humidité, j’étais en cuissard long, je n’ai aucun regret car j’ai pu avoir parfois un peu chaud en fin de parcours mais jamais froid, et on sait que le froid fait consommer de l’énergie qui du coup ne va pas dans les mollets et les cuisses.

Nous suivons le chemin Peirafica, qui nous amène au passage de la Baisse de Peyrefique. Le chemin est merveilleux, paysage déshumanisé et naturalisé, vision sur la vallée. Piste roulante pour arriver au vallon de Caramagne. La piste nous entraîne le long de plusieurs forts, une histoire de protection de frontière (http://fortification.pagesperso-orange.fr/fort_marguerie.html), fort de la Marguerie, puis fort central. Passage par le col de Tende
On aperçoit une superbe route en lacet, ça doit être un régale à monter (pour les grimpeurs) et une descente qui donne le tournis !

Sur la piste
une piste sur une montagne
la route en lacet du col de Tende
aux alentours de la Baisse de Peyrefique
la piste roulante

C’est ici que le temps ce gâte, le vent du sud, des nuages clairs mais humides, nous perdons toute vision du paysage.
Nous entrons dans le vif du sujet, nous atteignons le point le plus haut du tracé de la baroudeuse, nous nous prenons des rafales de vents en pleine face ou dans le dos lors d’un petit lacet sur un chemin caillouteux, mais ça passe. Comme je le répète, tant que t’avance tout va bien ; que ça soit en pédalant ou en marchant ; dans ces moments là chaque mètre est un mieux, une avancée vers un meilleur.

les nuages, et la disparition des paysages

Nous franchissons la frontière Italienne, pendant plusieurs dizaines de kilomètres nous flotterons entre la France et l’Italie.
Nous discutons avec Jeanne, souvent de l’instant présent, parfois de sujet plus divers pour nous connaître.
Le profil est plutôt descendant, malgré des parties pas très roulantes, un passage sur un single qui a du être retourné la veille par un engin de chantier, puis le single rocailleux qui passe bien en VTT et un peu moins bien en gravel, surtout avec le chargement. Au moindre doute, je ne doute pas, je décroche un pied pour assurer la trace plutôt que de tenter le ravin !

Lors d’une pause pour manger on réfléchit jusqu’où nous pourrions rouler avant de dormir. Jeanne aimerait bien dormir dans la ville fantôme de Monesi, de mon côté j’ai envie de rouler le plus loin possible et potentiellement jusqu’à Pigne. Mais rouler à deux est sympa le temps passe différemment, on partage une expérience, du coup nous roulerons ensemble au moins jusqu’à Monesi ensuite nous verrons. Je ne connais pas le kilométrage restant, ça n’est pas le plus important. Nous repartons, la piste est toujours exigeante, puis vient du chemin plus roulant, le profil est plat avec une tendance à descendre, le soleil que l’on ne voit plus vraiment depuis un moment est malgré tout en train de se coucher, la nuit tombe tranquillement. Cime du bec, cime de Cuni, cime de Pertègue, nous surfons sur une des crêtes du Mercantour.

Les arbres font de nouveau leurs apparitions, les couleurs automnales rendent l’endroit magique. La piste tourne en lacet tout en étant relativement plate, lors d’un virage j’aperçois un vélo devant, ni une ni deux, j’appuie sur les pédales et je rejoins … Damien et Jean-François, je suis étonné de les voir. Jeanne nous rattrape. Ils sont tous les deux partis le vendredi soir à 21heures, ils ont roulé 100 kilomètres puis sont allés dormir. Mais aujourd’hui ils ont beaucoup poussé le vélo, avec Jeanne nous avons mené un sacré rythme !
Dès lors que nous les avons rattrapés la piste s’est mise à descendre franchement sur Monesi, j’ai pris de l’avance, Jeanne m’a suivi, après quelques centaines de mettre sur lesquels nous avons discuter de notre rencontre avec Jean-François et Damien et notre étonnement de les avoir rattrapé nous avons du allumer nos lumières, nous avons retrouvé de la route, des portions quasi neuve, mais un raisonnement parfois inexplicable, ou comment faire une route neuve avec une portion entièrement défoncée en terre sur une trentaine de mètre ! La descente sur Monesi reste superbe, le plaisir vient du fait de trouver une portion super roulante, après les heures passées sur de la piste, nous retrouvons aussi un temps clément, nous sommes à un peu plus de 1000 mètres d’altitudes.

Nous passons le bloc de béton qui interdit normalement l’entrée dans Monesi, mais l’organisation nous avait prévenu lors du briefing, il faut franchir. Nous posons le pied à terre devant un grand bâtiment, ville désertée en raison des séismes qui ont sévis dans la région il y a des années, mais l’électricité est toujours là, et l’éclairage public est allumé ! Jeanne entre dans le bâtiment, il fait plus froid à l’intérieur que dehors, mais après inspection elle découvre une salle chauffée et de quoi être à l’abri. Il est 19h.
Jean François et Damien nous rejoignent à ce moment là, eux souhaitent rouler jusqu’à Pigne, ils vont juste s’arrêter pour manger, 5 kilomètres plus loin il semblerait qu’il y ait un restaurant, ouvert d’après les infos glanées par Jeanne sur Internet.
Finalement, Jeanne décide de s’installer ici pour dormir, de mon côté je pars rouler avec Damien et Jean François, nous iront jusqu’au restaurant, si il est ouvert nous préviendrons Jeanne. Nous la laissons donc et nous poursuivons, nous franchissons le bloc de béton pour sortir de la ville fantôme qui semble vouloir nous retenir, puis nous descendons la route et trouvons le restaurant mais c’est désert ! Il est 19h20.

Devant le restaurant sont installées des tables et des chaises, nous y prenons place. Je sors ma mixture riz maïs sauce couscous, quelques noix ; ça requinque, j’envoie quelques messages, je lubrifie la chaîne qui commençait à couiner. Il fait nuit, une voiture arrive se gare un peu plus loin, une fontaine permet de recharger les bidons. Prochaine arrêt Pigne. Encore des kilomètres et du dénivelé, il est 20h quand nous repartons. On attaque un peu de route puis 100 mètres plus loin un chemin de terre, encore 200 mètres et le chemin est effondré, je zoom sur le GPS, il faut passer à une dizaine de mètres sur la droite. Nous posons le pied à terre, le passage est pentu, nous marchons sur une vingtaine de mètre puis ça repart.

Je me retrouve seul rapidement, je garde mon rythme, je grimpe, mon éclairage me montre le chemin, je roule vers la lumière qui ne fait qu’avancer, un bon moyen de ne pas s’arrêter ! La nuit est noire, le temps s’étire, disparaît, se noie dans l’obscurité, je pédale, je passe dans un tunnel, je croise un nombre incalculable de vache. Une impression d’être dans un film, je vois des points verts puis devine une forme puis les contours d’un animal puis je vois une vache, elles sont totalement passives. J’entends des aboiements au loin, ma plus grande crainte, c’est de voir un patou débarquer, j’entends les cloches que les vaches ont autour du cou tintinnabuler lorsque celle ci se tourne pour me regarder passer.

J’ai lu, sur un récit de French Divide, qu’une bombe au poivre pouvait être efficace contre un chien qui se montrerait un peu trop aventureux pour mes mollets, je ne sais pas si la stratégie est gagnante, mais elle est à étudier. Si la situation se présentait je préférerai discuter avec l’animal, je parlerai calmement, idée bizarre … Mais il s’est avéré, lors de mon tour de Bretagne, que pour des chiens dans les fermes bretonnes, si on reste calme et qu’on parle calmement ça fonctionne. Bref je cogite là dessus.
Je reste vigilant à la piste, je roule à droite, parce qu’à gauche il y a un gentil ravin qui n’attend qu’une chose, que je lui rende visite, mais j’ai décidé d’être lucide, je roule à droite. La piste n’est pas particulièrement exigeante, mais un caillou a vite fait de dévier ma trajectoire de 50 centimètres. Je pose pied à terre plusieurs fois, simplement pour éteindre la lumière et regarder le ciel noir et écouter le silence du Mercantour Italien, c’est la classe, à 1500 mètres d’altitude sur une piste avec la première habitation à 10 kilomètres minimum il est 23h00.
J’ai un peu mal au cul, c’est dit ! En revanche une douleur nouvelle apparaît sur les cervicales et les bras. C’est le parcours cassant qui veut ça, l’exigence demande d’être relâché sur le guidon mais nécessite une tenue fine et précise. Je marche sur une dizaine de mètre puis je retourne sur la selle.
Il s’est passé du temps sur ce chemin, de nuit sans paysage il est difficile de resituer les souvenirs, il m’est même parfois difficile de savoir si le tracé montait ou descendait.

Je retrouve la route, une route avec un revêtement abîmé, mais une route quand même, je retrouve la patate et la joie de me dire que quand le terrain change c’est qu’on avance ! Il fait de plus en plus frais, l’humidité arrive dans la vallée. Des points verts font leurs apparitions 10 mètres devant moi à ras de terre, ils se déplacent deux mètres à droite puis font demi tour, j’arrive à une trentaine de kilomètre par heure, le temps de voir que ces deux yeux ont refait deux mètres à gauche que la petite masse sombre passe sous ma roue avant … puis arrière. J’ai roulé sur un écureuil et j’ai pas eu le temps de faire grand-chose à part de l’apercevoir et d’avoir eu l’impression de rouler sur un bout de bois mort … Écureuil, je te promets que j’ai eu le temps de rien, mais dans la vie faut choisir et surtout ne pas faire demi-tour, la bonne route est toujours devant !

Un peu mal au cœur, c’est con la vie, je ne sais pas si il est mort ou vivant. Le temps de ces réflexions et je me retrouve devant un mur blanc, je bloque les freins, un brouillard, avec la lumière ça fait écran, je ne vois pas à deux mètres. J’avance tout doux, je traverse la brume sur quelques mètres puis de nouveau tout s’éclaire pour recommencer quelques dizaines de mètres plus loin. l’humidité me refroidit. La descente n’aide pas à réchauffer, je suis en train de perdre mes mains, mes pieds tiédissent. Mais enfin de la lumière, une habitation qui semble être un bar restaurant est ouverte, j’hésite à m’arrêter, il doit être aux alentours de minuit, il me reste un peu d’eau, et je ne suis pas encore à Pigne bien que ça ne doit plus être loin. Je retourne sur la selle, je finis la descente retrouve une route importante, et je file sur Pigne, j’y arrive à 00h44 tout pile.

Je tente la photo mais un lampadaire fait écran derrière moi, je continu, objectif trouver un endroit ou dormir, parce que si j’ai pensé un long moment rouler sans m’arrêter, j’ai un mal de tête qui a fait son apparition, rien de grave, le changement de température, le changement d’altitude, la faim la soif, l’euphorie, l’effort.

L’important c’est de trouver un toit, avec mon maillot et collant thermique ainsi que la polaire avec l’écharpe et le manteau je n’aurai pas froid, j’ai la serviette pour essuyer la sueur, je mettrais les gants d’hiver. Un temps de repos. Le plus gros de l’épreuve est passé, être à Pigne est une excellente chose. Je roule vers le centre ville, je vois de la lumière dans un bâtiment, c’est un hôtel pizzeria. Une dizaine de personne est présente au bar, il semblerait que ça soit les gérants et des amis. Je retrouve ma bonne étoile de voyageur, je pose le vélo contre une barrière, rentre dans l’hôtel ; en Italie je parle anglais, et je parle anglais aussi mal que je fais bien du vélo.

« Hello !Do you have a bed for night ? »
Le gars près du four à pizza :
« hi, no it’s to late ! »
Pointe de déception, mais la solution est proche … L’hospitalité est universelle !
Une femme sur la droite au bar :
« – No ! It’s Ok ! What are you doing here, at this time ?
– I cycling during every day ! Two hundred kilometers ! I just would like a bed to sleep some hours ! »

L’affaire est dans le sac, le bikepacking c’est aussi ça, saisir l’opportunité, prendre le temps de respirer pour ne pas oublier le principal, être là pour le plaisir !

La femme me montre la chambre, la douche est sur le palier, le vélo sera à l’abri sur un balcon, la nuit coûtera 35 euros. Je redescends chercher le vélo et payer, je prévois un départ vers 6h00 demain matin qui s’avère être dans quelques heures.
« – Do you want a pizza ?
– What !  Une pizza, un repas chaud maintenant, ba carrément, of course !
If possible I would like vegetarienne !
– Ok, and you would like to eat here or in bedroom ?
– In a bedroom it’s perfect !
-Ok, I will bring ! »

Hôtel de Pigne

Amazing, Incredible, unbelievable ! je monte le vélo, démonte les sacoches, enlève le GPS, je déballe tout. La pizza arrive avec une bouteille d’eau, à peine le temps de demander combien je dois, que le gars me dit que c’est ok, je remercie généreusement, je m’installe sur la petite table et mange ce repas chaud inattendu. Un délice pour le physique et pour le mental ! Je m’enfile un paquet de gâteau après ça. Puis je file à la douche.
Je mets le réveil pour 5h30, il est 2h. Je me glisse sous la couette, le délice. Je sombre dans le s……

Le débarquement dans la chambre de l’hôtel

Je rêve sûrement d’un tas de truc, dans une épreuve aussi longue en un temps si court, les souvenirs se dispersent, s’égarent, se mélangent. Ce que je sais c’est que je vais la finir cette épreuve, je n’ai aucun doute, le vélo n’a aucun soucis, je n’ai aucune douleur anormale, bizarrement le mal de tête a disparu une fois la pizza avalée, les douleurs des cervicales ne sont plus douloureuses, le mental est reparti au galop. Et franchement après la pizza j’ai hésité à repartir, mais la raison à eu mon mental, j’aurai raté la suite du paysage …

Dimanche 22 Octobre 2017, 5h45 – Pigne

La douce mélodie de mon portable m’éveille, j’ouvre les yeux, active le corps, et hop je suis debout, la lumière est allumée, la sonnerie du téléphone éteinte. Premier constat je suis en forme, la nuit fut courte mais excellente, c’est sur je serai finisher de ce «  p’tit tour du Mercantour » !
Je file dans la salle de bain, passage au toilette, petite débarbouille et j’enfile la combinaison, je mange une banane et c’est bien suffisant, je n’ai pas faim. En revanche je bois de l’eau jusqu’à plus soif. J’ouvre la fenêtre, il fait nuit, il semble ne pas faire trop froid ni même trop frais. Je range les affaires méthodiquement. J’installe les sacs sur le vélo, positionne le GPS. Ce matin c’est de la grimpette, dernière longue difficulté, il faut s’extraire du Mercantour à la force de la pédale pour rejoindre la côte méditerranéenne Italienne.
Je contrôle la chambre il ne reste qu’une bouteille d’eau vide et un carton de pizza avec quelques miettes, ainsi qu’un lit défait. Je descends le vélo dans la rue, je remets de l’huile sur la chaîne, rien de pire qu’une chaîne qui couine en montée. Je dépose la clef de la chambre au bar où les premiers chasseurs sont au café, pourvu que ça ne soit que du café, pourvu qu’il ne reste qu’au café; faire 317 kilomètres dans le Mercantour et être tuer par un chasseur, ça serait con quand même. J’enfourche mon plus fidèle et seul ami à cet instant, je sors de Pigne, j’en profite pour refaire la photo selfie devant le panneau de la ville. j’emprunte la route principale, puis la trace GPS nous fait tourner à droite sur une route moins fréquentée. Je croise 4 – 5 voitures, qui me doublent tranquillement, des 4*4 principalement. Il est des montées calmes et roulantes, je remercie le goudron roulant, toujours plus agréable de commencer une journée par un réveil en douceur.

La photo selfie au départ de la journée du dimanche à Pigne

Les cervicales et le dos sont sensibles mais pas douloureux, les fesses sont aux tops ! Le ciel se dévoile d’un nouveau nuancier de couleurs. Pourquoi je suis là ? Pour ça : seul avec moi même, au milieu de la nature, à prendre du plaisir en intraveineuse, car comme je l’ai écrit dans un sms : je pédale dans le bonheur, mais un peu dans le dur aussi. Je touche à ma liberté, sachant qu’elle court toujours 10 mètres devant, et qu’il faut être vigilant, nos choix ont vite fait de nous faire dévier, par peur, par crainte, par facilité, par pragmatisme. Soyons aussi des rêveurs, des créateurs, des aventureux. Vous savez quoi : Je suis content ! Ces trois mots, je les ai déjà entendu, je les dis dès que l’occasion se présente, parce que des fois ça ne va pas et que souvent je le dis, néanmoins quand j’ai le sourire et que je suis content, et bien j’emploie ces trois mots pour l’exprimer : « Je suis content » et parfois quand le moment est partagé j’entends en écho « Il est content ».

Une piste fait son apparition, mais en ce début de matinée, tous mes muscles sont réveillés, mon cerveau est connecté en direct à son environnement, j’écoute, je sens, je vois, je suis en contact avec mon vélo, je goutte la sueur dans la bouche. Un bruit sur la gauche, trois sangliers à moins de 10 mètres, le temps de croiser un regard et ils s’enfuient. La journée sera longue pour ces animaux sauvages, une horde de chasseur sont en embuscades, prêt à rompre cet équilibre de tranquillité.

J’atteins le col de Muraton, 1157mètres d’altitude, le soleil éclate à l’un des sommets de l’autre côté de la vallée, le timing est parfait. J’ai eu droit pendant la montée au lever du jour, l’apothéose de ce moment vient avec l’apparition du soleil.

Col de Muraton

Je repars, grimpe encore, la piste est agréable, il faut s’y employer malgré tout, une heure plus tard, j’ai atteint des sommets, le point culminant de cette journée, la réserve d’eau de la tête d’Alpe. Le cœur de la baroudeuse est ici, un chemin caillouteux à 1500 mètres d’altitude, un ciel bleu avec un paysage de montagne submergé par une mer de nuage d’un blanc pur. Le tout pigmenté de la palette des couleurs automnales. Je mange pour prendre le temps de ne pas repartir, rester là.

J’ai râlé le dernier kilomètre de côte ; la piste, très caillouteuse, j’ai dû la parcourir à pied, et quand je suis à pied en train de pousser un vélo, je ne suis plus content, je passe de content à rien. Pourquoi infliger ce dernier kilomètre qui prend du pourcentage le saligot ! Après 230 kilomètres j’ai pas envie de forcer outre mesure. Le sommet est une victoire, je l’apprécie d’autant plus.

à la réserve d’eau de la tête d’Alpe

Je repars, on finit souvent par repartir, peut être qu’un jour je ne repartirai pas et resterai sur place en attendant que l’on vienne mis déloger. Je m’engage sur la descente sur 400 mètres, puis je pose pied à terre, je fais le premier kilomètre de cette descente plus souvent à côté du vélo que sur le vélo. Inutile de me demander ce que je voyais autour de moi, ce que j’ai vue pendant près d’une demi heure c’est ma roue entre les cailloux ou mes pieds entre les cailloux, parfois ma roue sur un cailloux. j’ai tout de fois aperçu que le chemin était large de 2 mètres, à droite que la descente était mortelle et qu’à gauche la montée était tendue … J’ai râlé, pour passer en gravel ici faut faire du cyclocross, je n’ai pas le bagage technique, et en VTT j’en connais qui ce serait mis au tas !
Sur 5 kilomètres on perds 450 mètres de dénivelé, ça vous donne une idée ?

un chemin … cassant (vue arrière)
un chemin … cassant (vue avant)

Vous savez pourquoi dans de nombreux compte rendu d’histoire comme celle ci on y lit régulièrement que : 

« Oh non ! Plus jamais j’le ferais ! Que c’est dur ! Que les organisateurs sont cool mais que le parcours qu’ils nous ont fait est bien pourri, pourquoi il y a cette côte ici, pourquoi pas un chemin plutôt que de la route là, franchement cette descente sur les freins, zéro plaisir après être grimpé pendant deux heures » (Cependant, c’est vrai que pendant deux heures j’étais content) ! Et que très souvent, si ce n’est toujours, on est sur le départ l’année suivante, et bien c’est parce que le moment de bonheur est toujours plus intense que le moment difficile, et que temps qu’on se remémore le moment de bonheur et qu’on passe l’arrivée avec des étoiles dans les yeux, nous pouvons être sûr que nous recommencerons, peu importe de pousser le vélo, de faire un sprint de 400 mètres en côte poursuivi par un Patou, de ne pas savoir ou dormir, de ne pas dormir, de prendre un vent de face, c’est dans ces moments là qu’on touche à la liberté, la liberté d’être confronté à une difficulté naturelle, de notre lien premier avec la nature, sans nourriture, sans eau, sans logement, seulement avec nous même et les choix que nous avons fait.

Le piste est cassante, en étant toutefois roulante et descendante, je croise une dizaine de voiture de chasseur. Le chemin est long et c’est bon ; vigilance, ici une racine, ici une roche, là une branche, l’art du vététiste c’est de jauger si le vélo passe ou ne passe pas, si ça passe c’est grâce au pilote, si ça ne passe pas ça passera grâce au vélo ; l’art du graveliste c’est de juger que ça passera toujours, parce que le vélo est intransigeant, si ça ne passe pas, c’est les mains, les poignets, les avant bras, les bras, les cervicales qui font tampons, et pour un peu la main saute de la guidoline et se retrouve au sol, et ça, ce n’est jamais bon, ni pour le poignet, ni pour l’omoplate, ni pour le vélo, parce que y a beau dire, le matos dans ces moments là c’est le premier truc auquel on pense, même si ça ne dure qu’un quart de seconde !

Devant moi il y a deux autres participants, Samuel et Benoit, je ne sais pas si je me fais des idées, mais depuis que je suis parti ce matin et dès que la trace était de la piste ou du chemin je voyais deux traces de pneus, ça pose des questions, on s’emballe, on se calme, on se dit qu’on verra bien… ou pas.

Je retrouve la route, et ce moment précis je m’en souviens très bien, tout mon corps me remercie, et mon mental remercie le dieu du bitume ! Sur cette route à faible pente, je commence par tout lâcher, les mains, les freins, les jambes, puis passer ces quelques minutes de relâchement,  j’appuie sur les pédales, je profite de l’air sur mon visage, je regarde la montagne, les vignes, les couleurs, je retrouve la civilisation, des habitations, des panneaux solaires.

la vigne dans la vallée de la Roya

Tout est à droite pour la transmission, mais tient, sa frotte … Je jette un coup d’œil sur le pédalier, la plaque a un léger voile, c’est la marque d’un (gros) cailloux qui a sûrement traîné un peu trop longtemps sous le vélo. Bref ça frotte, d’un bruit métallique, mais rien de bien méchant, ça tourne comme une horloge sinon. Je me retrouve derrière une voiture, la route n’est pas large, si une voiture arrive en face les deux voitures doivent se croiser quasiment à l’arrêt.
Lors d’un virage un peu serré, je double, j’appuie un peu plus, je suis content. Parfois la route s’élève à nouveau, je n’ai tout de même pas la fraîcheur de passer ces quelques dizaines de mètres en danseuse, je fais monter le dérailleur.

Les derniers kilomètres ont des bons pourcentages de descente, la route est très belle, je file vers le niveau de la mer. Il y a une contrepartie, je retrouve de nombreuses voitures, je me retrouve même à un feu rouge, le choc. Deux cyclistes en promenade dominicale, je double, ils ne suivent pas, une envie de fuir cette route, une envie de faire demi tour … La trace longe la Roya, un virage à droite, un pont pour piéton, un virage à gauche et la mer; elle est là, bleu comme l’azur, l’azur méditerranéen.

La mer … au bout du chemin
la mer Méditerranée

Un groupe de cycliste me double dans une portion montante, je décroche et je n’essaie même pas de suivre, bien que ça ne roule pas très fort. Le dernier me double et me souhaite bon courage, en voilà une idée, je tiens sa roue, il est dans le dur, il m’emmène jusqu’en haut de la côte. Je suis le GPS qui suit la route côtière qui suit la mer. Je passe à Latte, puis le tracé s’élève, pour le plaisir, car celle ci je ne comprends toujours pas ce qu’elle fait sur le tracé, à moins que c’est pour la vision sur la côte entre France et Italie, ça vaudrait presque le coup après 290 kilomètres … Je redescends, un joli lacet avec des lignes droites de 100 mètres, même pas le temps de pédaler !

Je passe la frontière, fait mon entrée dans Menton, il me faut de l’eau, je suis à sec depuis 15kilomètres, ça devient dur, et je sais qu’il reste à grimper jusqu’à La Turbie. Je cherche une boulangerie, où n’importe quoi d’autres.
Je ne sais plus bien si c’est le vélo ou le bonhomme que je vois en premier, mais Samuel est là, pausé à une terrasse, je le rejoins, il semble être un peu surpris de me voir, nous échangeons sur notre journée, l’horaire de son train ne lui permet pas de finir la randonnée, à Latte il a appelé Cédric de l’organisation pour savoir si il pouvait finir le tracé en deux heures, on lui a répondu que non, il a traîné un problème de boîtier de pédalier toute la journée. Il m’indique que la brasserie fait des plats de pâte, je prends un plat de spaghetti tomate basilique avec un Orangina et une carafe d’eau.

Un plat de pâte à Menton

Je suis content (comme d’hab) de ce moment avec Samuel, ça fait toujours du bien et j’ai roulé seul toute la journée, ce moment de partage est bienvenu. J’ai déjà croisé deux fois Samuel avant la Baroudeuse, la première fois dans un bar de Lille et la seconde sur un vélo à Lille. Aujourd’hui si je suis à rouler sur la baroudeuse c’est grâce à lui, car lors de notre seconde rencontre, je lui ai demandé ses projets, il m’a répondu :
« Normalement la baroudeuse en Octobre, mais ça risque de piquer un peu »
En rentrant chez moi, je me suis renseigné, et puis j’ai signé, ça sera ma première sortie bikepacking organisée, les chiffres ont affolé mon cerveau, mais finalement faire des bornes même sur du plat c’est formateur et ça prépare, et puis il y a eu un vélo propice, un contexte idéale.
Samuel est parti pour son train, j’ai payé mon plat de pâte fait la recharge des deux bidons et je suis parti à l’assaut pour un dernier départ. Objectif Gorbio, dernier point de contrôle avant La Turbie. 500 mètres de parcouru et la route s’élève, au loin dans les terres le ciel est sombre, presque noir.

C’est peut être pour ça que je suis encore là, parce que j’ai échappé à un orage de montagne à 2000 mètres d’altitude au milieu de nulle part, parce qu’à 1 heure du matin j’ai trouvé des Italiens dans un hôtel qui m’ont fait dormir et manger au chaud, parce que finalement je n’ai presque pas rouler seul la journée du samedi, et que rouler à deux ou à plus c’est toujours motivant, parce que physiquement j’étais présent mais aussi parce que le vélo ne m’a pas fait défaut.

Bref je vais faire court sur la fin, une fin est toujours particulière. Un passage à Gorbio puis une route coulée au béton par endroit, n’a pas été facile, des pentes ardues, de la piste sympa et un finish sur route descente pleine balle, avec un gros 4*4 que j’ai bien pourri sur un lacet ! Une vue sur mer dont on ne peut se lasser.

Un selfie à Gorbio, encore 15 kilomètres

J’arrive à La Turbie l’équipe de l’organisation est là, ainsi que Jeanne, Jean-François et Damien quelques applaudissements, les cloches de 15heures viennent de sonner. Il y a 33h53 j’étais ici, sur le départ.

Franchement, je recommencerai, ici ou ailleurs car c’était ni trop dur ni trop facile, c’était un choix, le choix de venir pour être avec d’autres pratiquants, de me rendre compte de mon niveau sur un tracé exigeant, d’être au contact avec moi-même.
La fin de journée était amical et bon enfant, j’ai été l’autre versant de moi même en comparaison du vendredi soir ou j’étais centré sur moi. L’ambiance était top, j’ai fait le petit interview en étant content !

Le dossard de Finisher

 

Pour voir l’interview et avoir les autres infos, la communauté du BikePacking, c’est ici, facebook baroudeur community

Mon train de nuit pour remonter sur Paris part à 20h05 de la gare de Nice ville. Je suis large !

Merci à toute l’équipe de la Baroudeuse, Cédric, Coralie, les bénévoles qui attendent au point de contrôle, au photographe, j’ai pas tous les noms. Félicitations à tous les participants du 317 kilomètres mais aussi du 137 kilomètres, j’espère que tout le monde a pu prendre autant de plaisir que moi.
Merci à ceux avec qui j’ai roulé Xavier et Dominique pour le début, Jeanne pour cette parfois longue journée du samedi, Damien et Jean-François pour la fin de journée du samedi (et l’éclairage bien puissant!) Samuel pour cette rencontre à Menton qui m’a permis de finir dans de bonne condition le parcours, physiquement avec le plat de pâte et mentalement avec l’échange.

Merci à ceux qui m’ont soutenu avec leurs messages, parfois sans trop savoir ce que je faisais vraiment, mais juste pour qui l’idée d’aller pédaler 317 kilomètres dans les Alpes en moins de 48heures paraît être une idée au mieux débile au pire celle d’un drogué de vélo !

Merci Titi pour le GPS, parce que d’habitude la feuille  A4 glissée sous le cuissard est suffisante mais qu’ici j’aurai carrément galéré pour ne jamais y arriver.

Merci de m’avoir fait penser à respirer, réussir à en faire une habitude dans les moments éprouvants m’a toujours sauvé.

Et comme les puristes l’attendent et la regarderont avec attention voici la liste du matos, (sans le poids), parce que le poids, c’est d’abord le pilote et que le pilote il est plutôt pas mal de ce côté là !

  1. Le vélo : specialized Sequoia Elite montage d’origine pneus montés en tubeless gonflés à 2,2 bars à l’avant et 2,5 bars à l’arrière.
    Pédale auto Shimano SPD M540
    sur le vélo :
    gps dakota 20
    deux bidons
    lampe arrière
  2. le sac de la toile de tente quechua quick hiker ultra light à l’avant dans lequel j’ai mis :
    – polaire
    – maillot et collant thermique pour la nuit
    – serviette
    – écharpe
    – gant d’hiver
    – pair de chaussette
  3. sac de selle Apidura regular (qui est revenu abîmé, une couture est en train de se découdre, après contact avec le service client ils vont me l’échanger) qui contenait :
    1. nourriture
      pain,
      figue
      datte
      mélange semoule riz maïs sauce couscous
      plaquette de chocolat
      mélange de graine
      4 barres énergiques
      4 bananes
      paquet de gâteau
    2. Divers
      manteau Millet
      briquet
      lampe frontal tikkina et Actik
      pile AA * 6
      pile AAA * 6
      couteau multi couvert (couteau fourchette cuillère)
      chargeur solaire
      téléphone portable
      chargeur téléphone
      ficelle
      brosse à dent
    3. trousse de soin d’urgence
      couverture de survie
      gel hydroalcoolique
      bande sparadra
      compresse imbibé bétadine
      Spasfon
      sérum physiologique
      Dafalgan
    4. trousse vélo
      deux chambres à air
      pompe vélo
      multioutil
      deux démontes pneus
      lubrifiant
      deux attaches rapides
    5. sac à dos
      poche d’eau de 2litres
      stylo
      appareil photo
      paquets mouchoir en papier
      sifflet
      couteau suisse
    6. Sur le pilote
      combinaison Ekoi aérocomp2
      gant vélo
      chaussette
      chaussure shimano
      casque
      cache cou
      bandeau oreille
      veste réfléchissante
      Montre

6 commentaires sur “La Baroudeuse – Un p’tit tour dans le Mercantour

  1. Quelle aventure ! J’ai adoré te lire , on se rend beaucoup plus compte de ce que ça implique de faire une course pareille !
    Vraiment passionnant et riches de détails , de raisonnements ! ( ce que je trouve d’ailleurs le us extraordinaire )
    Dans peu de récits on est dans la tête du sportif je trouve .
    Continue !!!!
    😀

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  2. Je découvre ton récit que je trouve passionnant!!
    Normalement je serai sur cet événement en juillet 2018.Comme toi??
    Mais juste un détail,ta selle qu’elle est-elle?
    A bientôt,peut-être…
    jmg

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    1. Salut,
      ce n’est pas la selle d’origine du Sequoia, c’est une selle d’entrée de gamme Finn que j’ai rodé sur mon vtt.
      Je risque de ne pas pouvoir être présent, mais ça reste incertain pour le moment.

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  3. J’aime beaucoup tes récits d’aventures. Je te suis maintenant sur Strava ou j’ai pu récupérer la trace complète de la Gravel Tro Breizh. Je suis de Nantes donc aimerais la faire mais à la mode cool. La French Divide est pour toi à présent. Merci encore de faire voyager les lecteurs de la sorte. Thx

    Aimé par 1 personne

    1. Bonjour Cédric, merci pour ton message, la French divide m’échappe en terme de calendrier jusqu’à présent, mais je poursuis les projets de traversée. De belles aventures sont prévues pour 2020 ! La trace de la Baroudeuse est magnifique !

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