La France à Bicyclette

9 jours pour joindre la mer du Nord à la Méditerranée en passant par le Morvan, le Vercors et les Alpes

Il est des jours où l’on se dit des choses, des choses en l’air, des choses sérieuses. Puis vient le moment où l’on passe à l’action. Nous sommes passés à l’action le jour où l’ont a pris les billets de train retour.

Avec Thibault, un compagnon de vélo depuis 5 ans, nous souhaitions planifier un parcours à vélo sur plusieurs jours. Nous avons explorer les chemins, nous avons regardés la mer du Nord, puis la Méditerranée. Nous nous sommes dit que partir de l’une pour rejoindre l’autre serait un voyage sympa. Après une première discussion, puis une deuxième et enfin une troisième, nous étions prêt ; dans les grandes lignes.

Nous nous sommes entraînés, un peu. Un Brevet de randonné Mondial de 200 km, la randonnée Jean Racine en vallée de Chevreuse avec 60 kilomètres, et enfin un aller retour Paris Orléans, 250 kilomètres.

Finalement notre parcours partira de Bray-Dunes pour rejoindre Nice, nous optons pour la traversée du Parc Naturel du Morvan ; que nous avons eu l’occasion de traversée en version GTM (Grande Traversée du Morvan) en VTT en trois jours et un peu moins de 300 kilomètres ; le passage par le Vercors puis un voyage aérien dans les Alpes du Sud.

Vous trouverez ci dessous, le récit (pratique) de notre itinéraire. Le principal n’y est pas, le vécu, les souvenirs sont en nous, on ne transcrire l’instant de l’effort, la transpiration, la fatigue, la beauté, les récompenses sensorielles, l’envie, l’ennuie, le ras le bol de pédaler, le plaisir d’atteindre un col, de voir la marmotte …

Du côté matériel, Thibault roulera avec le Sonder Camino titane, pour Alain ça sera le Cannondale SL3 en Alu … Bref chacun son style ! Ne parlons pas des bagages qui se fera plus bas !

Samedi 24 juin 2017 – Dimanche 2 juillet 2017

Vendredi 23 juin 2017

Chacun son chemin, pour Alain l’arrivée est prévue pour le jeudi 22 juin, son oncle nous héberge. Il habite à Téteghem, à une dizaine de kilomètres de Bray Dunes, notre point de départ !

Du côté de Thibault, c’est le train de 18h02 qui l’amènera à Dunkerque depuis Paris. Alain le rejoint, les deux compagnons de route vont prendre une bière en terrasse puis direction Téteghem.

La salade de pâtes est de rigueur pour ce dernier dîner avant le départ.

Nous calculons notre horaire de départ, sachant que nous souhaitons être à Soissons entre 19h et 20h, qu’il y a 230 kilomètres de prévu, que nous comptons sur une moyenne de 23km/h, que nous ferons des pauses qui en les cumulant n’excéderont pas deux heures. Tout ça nous indique qu’une journée de 12 heures nous attend, il faut donc que nous partions pour 7h30. Nous coupons la poire en deux, et mettons le réveil pour 6h30. Le ton est donné !

Samedi 24 juin 2017

Téteghem → Bray Dunes → Soissons

240,6 km 1508 de dénivelé positif

Le réveil sonne, c’est le jour J, la tête est déjà partie. Jean-François, l’oncle d’Alain, va nous accompagner à vélo jusqu’à Bray Dunes, le temps est maussade, les affaires sont installées sur les vélos et c’est parti !

Nous traversons quelques villages du Nord de la France, puis nous arrivons à Bray Dunes, nous prenons la direction de la plage ; passage obligé. Nous ne nous baignons pas mais les photos sont de rigueurs! Jean François repart sur Téteghem tandis qu’Alain et Thibault prennent la direction de Soissons. L’ascension du mont Cassel est prévue et inévitable pour qui veut faire du tourisme dans les Hauts de France. La pluie nous humidifie. Nous en profitons pour faire un peu de jardinage, passage dans un cul de sac, un champs qui nous oblige à revenir sur nos pas, l’étape commence fort ! En réalité, nous avons la trace GPS sur un GPS Garmin, mais nous avons également un papier avec l’ensemble des routes et villages que nous empruntons et traversons. À Bray Dunes, il semblerait que nous ayons voulu faire les malins, par la suite on a voulu revenir sur la trace et c’est ainsi que le champ nous a accueilli. Une fois revenu sur la route tout va bien, nous sommes partis, ça roule, le temps de prendre ses marques. Les kilomètres nous attendent …

Nous traversons Béthune, faisons une pause pour manger, une pluie fine fait son apparition. Nous sommes assis sur un banc pour manger. Un peu plus loin, des personnes se lancent dans un barbecue. Trois ados à vélo dont l’un tire un caddie sont en train de ramasser tous les déchets qu’ils trouvent sur leur chemin, l’initiative est super bonne.

Nous faisons un détour dans la ville d’Arras, les flippers sont de sorties sur la place principale.

Le temps maussade n’a pas raison de notre moral. C’est la première fois que nous partons pour une semaine. Nous passons 24h/24 ensemble. Ça nécessite d’être sur le même rythme. Physiquement, nous avions fait un paris Orléans Paris soit 249 kilomètres à travers la Beauce. Nous avions également participé à la Jean Racine sur le parcours du 60km.

Nous roulons bien, les champs se succèdent, parfois nous traversons un bois, le terrain est relativement plat, contrairement à ce qui nous attend dès le parc naturel du Morvan, puis le Vercors et enfin les Alpes. Ces premiers jours vont nous permettre de nous mettre dans le rythme ainsi nous serons prêts pour affronter tous les cols qui nous ferons face !

Nous arrivons à Soissons dans les délais, nous finissons par une magnifique descente, Soissons est encaissée. Pour bivouaquer il faut sortir de la ville, nous traversons donc Soissons, et nous grimpons pour sortir de cette vallée. Une fois en haut, nous trouvons une petite route qui nous emmène sur un terrain d’un agriculteur avec une dalle béton et un coin d’herbe. L’endroit est plutôt pas mal. Thibault espère faire une nuit à la belle étoile, mais en vérifiant la météo il renonce, risque de pluie cette nuit. Nous montons la tente, préparons le repas. C’est à ce moment là qu’une voiture venant dans notre direction par un chemin de terre, là où la tente est plantée, arrive. Alain se dirige vers elle, c’est le propriétaire du terrain, Il l’accueil avec le sourire, une fois le périple expliqué, il indique qu’il n’y a pas de problème. L’agriculteur part au festival qui à lieu à quelques kilomètres, nous risquons d’entendre la musique. Avec les 240 kilomètres que nous avons dans les jambes nous devrions bien dormir.

Et demain quelle heure le réveil ?

Une question lancinante, elle reviendra tous les soirs pour une unique raison, le plaisir de repartir le lendemain matin, un plaisir toujours retrouvé, après passé le premier quart d’heure de selle douloureuse …

Dimanche 25 juin 2017

Soissons → Monéteau

206,3 km 1726 mètres de dénivelé positif

Le deuxième jour est toujours un second départ, c’est le corps qui appréhende le changement, l’esprit qui s’est déjà envolé. Il faut organiser le dé-campement, plier la tente, prendre le petit déjeuner qui consiste à chauffer de l’eau pour le thé, un morceau de pain avec son beurre de cacahuète. Tout ranger dans les sacs, puis tout installer sur les vélos. Du côté de Thibault le bike packing est efficace avec les sacoches AlpKit, pour Alain c’est plus … délicat, le sac quechua de 30 litres avec la sangle btwin c’est beaucoup moins ergonomique. Du côté guidon, le sanglage de la tente est en revanche plus facile que prévu. Nous voila apprêtés. Le deuxième jour est lancé, nous roulons, l’étape est plus escarpée, les champs sont très étendus, ça monte et descend, parfois le vent est de dos, parfois de face ; Alain peine, parfois, avec le Cannondale. Thibault propose que l’on fasse la halte pour la nuit prochaine chez sa sœur qui habite quelques kilomètres avant Auxerre, après une petite indécision d’Alain, nous décidons qu’il s’agit d’une sage décision, nous pourrons prendre la douche et profiter d’un moment convivial. Nous passons les frontières départementales et régionales, les cimetières nous abreuvent de leur eau fraîche ! Les boulangeries, les carrefour city permettent nos ravitaillements. Nous sommes partis avec un paquet de pâte et un paquet de semoule, c’est pour le cas où l’on se retrouve en galère un soir, pour le reste nous verrons au jour le jour. C’est l’avantage de voyager en France, il y a des habitations régulièrement, des villages, des cimetières, on trouve toujours de quoi s’en sortir. La chaleur n’a pas raison de notre coup de pédale. Bien qu’une pause intervenue sur les coups de 17heures fut bénéfique. Le simple fait de quitter la selle de vélo quelques minutes, de pouvoir marcher, s’asseoir, est un plaisir.

Concernant le tracé, nous ne rencontrons aucune difficulté, le GPS est précis et nous roulons sur des routes départementales. Contrairement à un tracé VTT où, parfois, il peut s’avérer difficile de savoir si le chemin à prendre est celui de droite à gauche ou le chemin de droite à droite !

Bref la ville de Monéteau nous tend les bras, nous serpentons jusqu’à la maison d’Aurélie, Louis et Paul. C’est Paul qui nous accueille, surpris de voir son tonton arriver à vélo ! Nous nous installons dehors, prenons un rafraîchissement. Nous sommes « déjà » à Auxerre.

Ce soir c’est barbecue, la soirée est très bonne, le confort d’une chaise, d’une discussion, d’une aventure.

La douche est appréciée, le lavage des vêtements également, juste pour l’odeur !

Lundi 26 juin 2017

Monéteau → Grandvaux

198,3 km 2221 mètres de dénivelé positif

Ce matin le départ est laborieux, nous partons à 9 heures, et nous savons que nous avons des kilomètres, la traversé du Morvan est prévue, et lorsque nous aurons traversés le Morvan il nous restera encore une cinquantaine de kilomètres pour atteindre notre objectif de la journée.

Le soleil est au rendez vous, nous traversons la zone industrielle d’Auxerre, nous prenons la direction du stade de l’Abbé Deschamps. À la sortie, nous passons devant un vélodrome, le portillon est ouvert, nous nous lançons dans un tour de vélodrome, un homme sort d’un cabanon il nous demande de sortir, raison de sécurité et responsabilité. Bref pas de vidéo ni de photo d’un tour lancé à 60 kilomètres heure ! Une impression ressort, la pente est pentue ! l’inclinaison est impressionnante à voir.

Nous repartons, nous arrivons à Vezelay, ça grimpe, une halte est faite, le temps de manger un bout, d’envoyer une ou deux cartes postales. C’est un bel endroit. Le Morvan est devant nous. Nous ne traverserons pas en son milieu. D’ailleurs, nous verrons régulièrement des panneaux nous souhaitant la bienvenue dans le parc naturel régional du Morvan sans pour autant voir des panneaux nous annonçant qu’on le quitte ! C’est un endroit reposant, nous apercevrons un sanglier, la fraîcheur des arbres, des beaux chemins roulants, peu de voitures.

Nous arrivons à Luzy, première belle descente dans le Morvan. Passage à Perrecy les Forges, un ravitaillement au super U est nécessaire, nous y sommes juste avant la fermeture, le temps est clair.

Nous repartons, il nous reste encore une bonne trentaine de kilomètres, une bonne heure de roulage. Une superbe côte nous accueil à la sortie du village, de quoi nous remettre en ordre de marche. La route est belle, mais au loin le ciel s’assombrit. Le ciel se noircit maintenant, quelques gouttes font leur apparition, puis de plus en plus grosses. Nous nous abritons sous un arbre, une pluie à cette heure là est un peu décourageante, juste avant la fin de journée, ça complique un bivouac. Celle-ci ne semble pas cesser, après un regard aux alentours, nous prenons la décision de planter la tente. Il y un chemin de l’autre côté de la route, il semble mener à un champ. Le temps de traverser la route et de nous abriter sous un nouvel arbre, nous sommes bien mouillés. Organisation : dans l’ordre, il faut monter la tente prestement, protéger les affaires pour que tout reste sec. Nous lançons le montage de la tente, le sol est rocailleux et si nous ne pouvons pas planter les sardines, la tente tunnel ne tient pas. Petite frayeur quand nous voyons l’eau s’accumuler sur la tente, qui semble totalement inondée par endroit. Non sans difficulté, la tente est montée. Nous mettons les affaires dedans. Et nous nous y mettons à l’abri. La bonne surprise c’est que l’intérieur de la tente est légèrement humide mais rien de catastrophique. Nous nous lançons dans l’aménagement intérieur. Nous grignotons, pas de repas chaud pour ce soir. La pluie ne cesse pas, s’arrêter et planter la tente ici était la bonne décision. Nous avons parcouru 198 kilomètres, c’est une bonne journée.

Mardi 27 juin 2017

Grandvaux → Roybon

227,4 km 2463 mètres de dénivelé positif

Souvenirs de cette journée :

– traversée dans le charolais : beau temps, fraîcheur, verdure

– chausson aux pommes à la Clayette => château

– traversée du beaujolais : maisons en pierres dorées, typiques de la région.

– le repas du midi au Lidl de l’arbresles alors qu’il fait très chaud

– la belle montée vers Saint Martin en Haut : beaucoup de circulation au début, puis route symp où on double un tandem

– la belle descente vers Givors, où l’on fait une pause salvatrice

– la traversée de Vienne assez difficile : chaleur, bruit

– premier aperçu du Vercos avec le cheval qui nous appelle

– les derniers efforts vers Roybon alors que le ciel est très menaçant (et dernier col :))

Le camping est loin, nous décidons d’aller pousser jusqu’à Roybon et de grimper encore, les nuages sont menaçants. Nous arrivons au camping, l’accueil est fermé, Thibault téléphone au numéro affiché pour joindre Yann, sans doute le gérant du camping. Yann n’est pas sur place, il nous propose de laisser le paiement dans la boite aux lettres, on paiera 10 euros pour la nuit. Le camping est près d’un petit lac, le ciel est menaçant, nous mangeons, sur une table de pique nique. Nous prenons la douche. Il se met à pleuvoir, nous avons droit à un orage, dans la tente il fait comme en plein jour quand il y a un éclair.

Mercredi 28 juin 2017

Roybon → Veynes

176,1 km 2911 mètres de dénivelé positif

Nous commençons par rejoindre le centre de Roybon et passons par la boulangerie, on s’assoit autour d’une table devant la boulangerie. Le soleil nous réchauffe. Moment très plaisant, la vie de village se regarde devant une boulangerie avec délectation. La traversée du Vercors est prévue, nous arrivons au pied, c’est notre premier col, Col de Roméyère, passage par le canyon des écouges. Ça grimpe sévère, la route est abîmée, il fait humide, c’est beau. Nous arrivons à un tunnel, 500 mètres de long dans la nuit noire. Nous nous retrouvons au cœur du Vercors. Les villages sont enclavés, ils ne sont pas très nombreux. Nous essuyons une averse dans un long faux plat montant. Nous jouons aux montagnes russes, puis nous arrivons au bout du Vercors, nous avons une vue plongeante depuis le col de Rousset sur la vallée de Die. La descente est magnifique, le revêtement est super roulant, la route serpente sur 20 km, 20 km de plaisir. Nous traversons Die, prenons le temps de faire une pause, le ciel est gris et la pluie est proche, elle arrive quand nous nous remettons en selle.

Dans la dernière difficulté de la journée, nous sortons le paquet de crocodile Haribo, un moment intense, un peu seul au monde, les villages que nous venons de traverser étaient déserts, nous étions sur la route, coincés au milieu d’une vallée, avec une montagne face à nous. Pour la dernière difficulté Alain finit par passer le col sur la plaque.

Aujourd’hui grosse étape, on a rattrapé notre retard sur le planning, on trouve difficilement un camping, mais finalement en approchant de Veynes on découvre un panneau qui indique camping et restaurant près d’un lac, la route est inondée pour y accéder. On arrive au camping, posons les vélos et approchons de l’accueil. On découvre un bonhomme assis avec quelques papiers étalés sur une table devant lui. L’accueil est bon, il nous indique un petit restaurant à quelques centaines de mètres, il appelle le responsable pour savoir si il est encore possible de manger, il demande à ce que l’apéro nous soit offert. Nous y allons, nous monterons la tente au retour. Bel endroit, il y a du monde. Le responsable, Olivier, est passionné de vélo. Il nous indiquera les cols intéressants, nous modifierons notre itinéraire et nous ne le regretterons pas. Nous mangeons bien, Burger avec frites et dessert. On finit par une petite discussion avec Olivier qui viendrait bien pédaler avec nous. Le ciel s’assombrit, nous retournons au camping, juste le temps de monter la tente avant qu’une averse ne pointe le bout de son nez ! Ça dure, nous attendons, nous ne trouvons pas les sanitaires, mauvais repérage. Finalement, on finit par rejoindre la tente, l’orage tombe une bonne partie de la nuit.

Jeudi 29 juin 2017

Veynes → Barcelonnette

98,3 km 1739 mètres de dénivelé positif

Après avoir pris une douche (nous avons trouvés les sanitaires ce matin) et replié les affaires, nous rejoignons Veynes pour le petit déjeuner et prendre quelques provisions. Ça tombe bien c’est jour de marché, on en profite bien, et on se pose à la terrasse d’un café, écoutons la joureuse d’accordéon, profitons de la vie d’un village au jour du marché ; la pluie arrive, nous attendons un peu puis nous décidons de nous lancer. L’étape du jour est soft, notre objectif est de rejoindre Barcelonnette pour ensuite attaquer les Alpes. La journée est un peu longue, mais commence par la traversé d’Esparons, Barcillonnette, Lardier et Valença ; les couleurs, le relief, la roche, rouler à vélo ici est superbe. Nous rejoignons Tallard, la route est largement empruntée par les voitures, nous roulons, nous prenons la direction du lac de Serre Ponçon. En arrivant à Espinasse nous nous posons la question sur l’intérêt de faire le tour du lac et de passer par Embruns, après réflexion et discussion, nous décidons de rester sur notre plan initial, rejoindre Barcelonnette par la route la plus directe. Nous apercevrons quand même le lac et le barrage. Nous longeons l’Ubaye, le tour de France y passera, nous apercevons plusieurs fois des panneaux indiquant que la route sera fermée à cette occasion. L’arrivée à Barcelonnette se fait au sprint avec une pointe à 45 km dans un léger faux plat montant. Nous allons directement au centre ville, arrivons à l’office du tourisme où nous sommes accueillis par 4 jeunes femmes. Elles nous indiquent un camping. Nous nous y dirigeons. Le gérant, Michel il me semble, s’occupe des obligations. Nous retournons dans le centre de Barcelonnette pour avoir de quoi manger, nous discutons de nos prochains jours, il se met à pleuvoir nous sommes à pied. Le col de la Bonette est la route la plus haute d’Europe à 2800 mètres d’altitude, nous aimerions la faire, mais suite à un éboulement, nous pouvons rejoindre le col mais ensuite nous serons obligés de faire demi tour. Nous décidons d’aller le gravir le lendemain matin sans les sacs, que nous aurons laissés au camping. Ensuite nous reviendrons au camping pour manger le midi puis reprendre notre route à travers les Alpes. Michel nous explique que pour aller au col de la Bonette le lendemain, il faudra voir en fonction de la météo. Lorsque nous sommes en train de dîner à l’abri d’un bâtiment lors de notre repas du soir, de gros nuages passent sur les montagnes qui nous entourent, lors d’une éclaircie Thibault s’interroge en regardant les sommets, il se demande s’il s’agit d’une illusion ou bien si les sommets sont enneigés … Il semblerait bien que la neige ait fait sont apparition en altitude. La journée de demain est incertaine, les cols peuvent être fermés, on peut se retrouver dans une purée de pois et ne rien voir. Bref, la pluie finit par nous accompagner sur la fin de repas. Plusieurs fois des campeurs, plutôt du troisième âge, nous dirons de nous mettre à l’abri dans les locaux en durs, bonne ambiance dans ce petit camping.

Vendredi 30 juin 2017

Barcelonnette → Guillaumes

126,8 km 3223 mètres de dénivelé positif

Le réveil sonne, j’ouvre la tente … Le temps est totalement bouché … Après une demi heure un coin de ciel bleu, mais le ciel est agité. Finalement, après avoir rangé toutes les affaires les nuages sont partis, on va pouvoir gravir le col sans les sacs. Nous mangeons, Michel nous confirme que la météo va être bonne pour la matinée. Nous nous lançons, les vélos sont beaucoup plus réactifs sans les sacs. Le temps de s’habituer à ce confort et nous roulons fort pour rejoindre le pied du col. Le soleil est présent. Nous grimpons, Thibault finit par prendre quelques mètres d’avance avec le camino, les marmottes sont de la partie, nous ne croisons pas grand monde : quelques voitures, une photographe. Le froid arrive, le vent parfois, en fonction de la direction des lacets, parfois de face, parfois de dos. Le bas côté commence à être blanc, la neige fond rapidement, on l’entend craquer. Le sommet est en vue. Nous prenons le temps d’une photo et nous attaquons les derniers deux cents mètres qui sont bien pentus et frôlent les 15 %. Au sommet la vue est dégagée, il ne fait pas froid, simplement frais. Quelques cyclistes sont présents, des voitures également. Nous nous lançons dans la descente, les premiers kilomètres sont un enfer gelé. Nous sommes obligés de nous arrêter pour réchauffer les mains. La deuxième partie se passe mieux. Nous croisons de nombreux cyclistes qui sont en pleine ascension. Nous retrouvons le camping en ayant fait une pause à Barcelonnette pour manger un morceau.

Nous chargeons les vélos puis nous prenons la direction du col de la Cayolle, la pente est plus douce, c’est toujours un plaisir de grimper, de regarder la montagne, de prendre un virage et de voir le chemin parcouru, ou le chemin restant à parcourir. Nous sommes doublés par une série de Lamborghini. Nous atteignons le sommet, prenons une photo puis nous lançons dans la descente pour rejoindre Entraunes, nous ne nous lancerons pas dans un troisième col pour aujourd’hui. À Guillaumes nous trouvons un camping familial. Nous sommes passés sur le Var, on peut imaginer qu’au printemps le débit doit être gigantesque au vue du lit.

Nous planifions notre journée du lendemain, ça fait plusieurs fois que nous apercevons des panneaux kilométriques pour Nice, qui est à moins de 100 kilomètres, mais nous ne sommes pas venus pour passer le week-end sur la côte d’Azur ! Nous avons décidé de suivre en partie la route des grandes Alpes. Nous allons mettre quelques cols à notre actif.

Samedi 1 juillet 2017

Guillaumes → Sospel

126,2 km 4156 mètres de dénivelé positif

La journée s’annonce intense, 4 cols sont annoncés, rien à raconter, c’est la plus belle journée. La plus physique, elle arrive à point nommé. Nous croiserons des Porsche, des Lamborghini, des motos, des touristes, c’est le week-end, ça se ressent.

La descente vers Sospel est longue, presque trop, route magnifique notamment lorsque nous passons devant notre dame de la Menour.

L’arrivé au camping un peu avant Sospel est difficile, les jambes et les fesses sont douloureuses. Nous mangeons au restaurant du camping, une bonne pizza, voir deux bonnes pizzas !

Les cols franchis :

Col de Valberg

Col de la couillole

Col de saint martin

Col de Turini

Dimanche 2 juillet 2017

Sospel → Nice

63,4 km et 1347 mètres de dénivelé positif

Première fois que l’on voit la mer, après avoir passé le col de Castillon et juste après le tunnel et la descente vers Menton.

Traversé de Menton, de Monaco, arrivé à Nice,

Petite difficulté pour trouver un panneau Nice et faire la photo finish ; petite difficulté à s’accorder sur les envies de chacun. Nous roulons sur la promenade des anglais jusqu’à l’aéroport de Nice. Nous revenons sur nos pas et nous allons nous poser sur la plage.

Prenons une douche sur la plage, nous allons nous requinquer dans un restaurant oriental. Nous nous dirigeons vers la gare de Nice. Nous avons besoin de faire le plein d’eau. Je (Alain) me dirige vers une enseigne Paul, la vendeuse, me donne une bouteille d’eau, un beau sourire et un au revoir. J’achète le journal, découvre le décès de Simone Weil.

Le train est à l’heure, nous nous installons dans le train. Coucher de soleil dans le train couchette. Une nuit pour remonter sur Paris.

Il reste de quoi écrire pour être exhaustif dans ce récit, voici les questions auxquelles il faudrait répondre, mais on vous laisse imaginer !

Et le repas dans un restaurant parisien ?

Et la bouteille d’eau gracieusement offerte par Paul ?

Et ta première nuit dans un train de nuit ?

Et nos adieux précipités à la gare d’Austerlitz ?

Et c’est qui qui ronfle ?

Et cette histoire de frein qui freine plus ?

Et tout ces gens rencontrés, ces boulangeries, ces campings, ces cafés, qui font le voyage ?

4 commentaires sur “La France à Bicyclette

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